Maroc-Guinée Bissau: un cœur qui bat pour rendre l’Afrique aux Africains

Maroc-Guinée Bissau: un cœur qui bat pour rendre l’Afrique aux Africains

jeudi, 28 mai, 2015 à 10:44

Abdellah CHAHBOUN

Bissau – Le jeune pays d’Amilcar Cabral, c’est l’histoire d’une révolte paysanne devenue révolution où le soutien actif du Maroc fut, dès le départ, le socle d’une amitié indéfectible qui défie tous les aléas.
Quarante-deux ans après le mystérieux assassinat du père de l’indépendance bissau-guinéenne, l’on se remémore encore, de part et d’autre, ce qu’a osé le Royaume en faveur de son mouvement politico-militaire, le Parti africain de l’indépendance de Guinée et du Cap-Vert (PAIGC).
L’aide logistique marocaine était d’autant plus conséquente que le combat des compagnons d’armes de Cabral contre l’infâme politique du colonisateur était ignoré par une grande majorité de pays.
En la personne du défunt souverain SM Hassan II, le leader du PAIGC a trouvé un homme politique charismatique et très sensible à la cause de l’Afrique et des Africains. “Nous avons eu la chance de nous donner une signification historique, de reconquérir notre propre histoire et de retrouver notre identité africaine”, avait affirmé Cabral dans une interview en 1969 dans laquelle il se confie sur ses solides attaches en Guinée-Conakry et au Maroc.
Il disait avoir à l’esprit l’exemple vivant de la lutte sans relâche des Latino-américains et des Marocains pour l’indépendance, une lutte qui, nuance-t-il, “n’était pas seulement politique, mais aussi pour le développement et l’émancipation des peuples”.
“Le Royaume a été le premier pays à croire à la lutte armée de Cabral et à lui fournir des armes parce que SM le Roi Hassan II s’était engagé à apporter de l’aide aux luttes de libération sur le continent puisque le Maroc avait tôt conquis son indépendance”, témoigne Pape Diouf, enseignant à l’Institut de Genève pour les Hautes études internationales.
C’est dans cet état d’esprit que le représentant du PAIGC, Ignacio Simidou avait exprimé en 1974, lors d’une conférence africaine à Casablanca, sa profonde gratitude au regretté souverain, en affirmant que le Maroc représente un modèle à méditer pour les mouvements de libération.
“Si nous tous revendiquons une partie de l’héritage moral et spirituel de votre regretté Père, personne d’autre ne saurait être le digne successeur de ce legs”, a-t-il souligné à l’adresse de feu SM Hassan II.
L’un de ses compagnons, Joao Secuba, un vétéran de la guerre d’indépendance déclenchée en 1963, se souvient toujours du précieux soutien fourni par le Royaume à un moment crucial du soulèvement d’une population à dominante paysanne contre l’occupant portugais. “Le Maroc, un vieil ami de la Guinée-Bissau, nous a généreusement assisté dès la première heure. Les premières armes avec lesquelles nous avons combattu étaient marocaines”, explique-t-il dans ses mémoires.
Né en 1924 de père et mère capverdiens, Amilcar Cabral a fondé le PAIGC en 1956 après son retour de Lisbonne où il avait suivi des études en agronomie qui lui ont permis de côtoyer nombre de militants africains.
Les activistes de son mouvement se battaient alors contre l’armée portugaise sur plusieurs fronts à partir des pays voisins, la Guinée Conakry notamment et la Casamance, province du Sénégal. Il parvient peu à peu à contrôler tout le sud du pays, mettant en place de nouvelles structures politico-administratives dans les zones libérées.
“Personne ne peut douter, parmi notre peuple, comme chez tout autre peuple africain, que cette guerre de libération nationale dans laquelle nous sommes engagés n’appartienne à l’Afrique tout entière”, déclarait-il.
Parallèlement, le dirigeant nationaliste déploie une activité diplomatique intense auprès de la communauté internationale pour faire connaître son mouvement et en légitimer l’action. En 1972, les Nations unies finissent par considérer le PAIGC “comme véritable et légitime représentant des peuples de la Guinée et du Cap-Vert”.
L’œuvre de Cabral, tout comme celle de feu SM Mohammed V et feu SM Hassan II, demeure bien d’actualité dans un continent en mal de leaders politiques et de projets fédérateurs.
En visionnaire, le libérateur de la Guinée-Bissau avait à cœur d’en finir avec les liens d’asservissement que perpétuaient les empires coloniaux : la valeur que génère le continent doit rester en priorité en Afrique et profiter d’abord aux Africains, disait-il.
Tel est le fondement même du projet solidaire que SM le Roi Mohammed VI s’attache à concrétiser à travers la relance de l’axe Rabat-Bissau. Car seule cette démarche est susceptible, aujourd’hui, de sortir l’Afrique des logiques mutilantes des chasses gardées, des prétentions hégémoniques néocoloniales et des accointances historiques douteuses.

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