Santé mentale : appel à “un investissement massif”

Santé mentale : appel à “un investissement massif”

jeudi, 8 octobre, 2020 à 11:29

Par Abdelilah EDGHOUGU

Rabat – Près d’un milliard de personnes souffrent d’un trouble mental et une personne se suicide toutes les 40 secondes, a indiqué récemment l’Organisation de mondiale de la Santé (OMS) à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale célébrée le 10 octobre chaque année.

Trois millions de personnes meurent chaque année des conséquences de l’usage nocif de l’alcool et des milliards de personnes dans le monde sont actuellement touchées par la pandémie de Covid-19, qui aussi a des répercussions sur la santé mentale, a lancé l’alerte l’Organisation onusienne dans une étude réalisée en partenariat avec l’Organisation United for Global Mental Health et la Fédération mondiale pour la santé mentale.

Pointant du doigt les pays à revenu faible ou intermédiaire, l’étude montre que plus de 75 % des personnes atteintes de troubles mentaux, neurologiques ou dus à l’usage de substances psychoactives ne sont pas soignées du tout.

A cet égard, une campagne intitulée “Agir pour la santé mentale : investissons !” a été déclenchée en septembre pour encourager l’action publique en la matière à travers le monde.

“La Journée mondiale de la santé mentale est l’occasion de s’unir au niveau mondial pour accorder à la santé mentale l’attention qu’elle n’a pas reçue par le passé”, a déclaré le Directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, ajoutant que ” les effets de la pandémie de Covid-19 sur le bien-être mental des gens se font déjà sentir, et ce n’est que le début”.

“Si nous ne nous engageons pas dès à présent à investir davantage dans la santé mentale, les conséquences sanitaires, sociales et économiques seront considérables”, a plaidé le responsable onusien.

La présidente de la Fédération mondiale pour la santé mentale, Dr. Ingrid Daniels, a de son côté appelé à agir concrètement en faisant des efforts concertés pour mettre sur pied des systèmes de santé mentale adaptés au monde d’aujourd’hui et de demain.

Même son de cloche chez la présidente de l’Organisation United for Global Mental Health, Elisha London, qui a exhorté à “la nécessité d’investissement” dans la santé mentale, car plusieurs personnes ne bénéficient pas de services de santé mentale adaptés et de bonne qualité.

L’OMS et ses partenaires déplorent, en outre, que les pays consacrent seulement 2 %, en moyenne, de leur budget de santé à la santé mentale.

Pour sensibiliser et mobiliser l’opinion publique internationale, une marche virtuelle de 24 heures pour la santé mentale sera organisée ce vendredi, où tout un chacun est invité à y participer.

En outre, une campagne de sensibilisation intitulée “le grand rendez-vous de la santé mentale” sera lancée en ligne le 10 octobre, où un Prix spécial sera décerné à un film sur la santé mentale, lors du premier Festival du film ” Santé pour tous ” organisé par l’OMS.

Par ailleurs, le président de l’Association Marocaine pour l’Appui, le Lien, l’Initiation des familles de personnes souffrant de troubles psychiques (AMALI), Fouad Mekouar a affirmé que la maladie mentale est un fléau international qui nous oblige à agir sur plusieurs niveaux pour le maîtriser.

Approché par la MAP, le président de l’Association AMALI, a fait savoir que la santé mentale, au Maroc, reste reléguée au second plan, et les efforts accomplis restent au deçà des besoins.

A cet égard, M. Mekouar a fait état d’un déficit de 306 psychiatres dans le secteur public et privé, ainsi qu’une capacité litière de 2.225 lits seulement pour la santé mentale répartis sur 34 structures de soins en psychiatrie et addictologie soit 0,7 lit pour 10.000 habitants, alors que la norme internationale préconise 1 lit pour 10.000 habitants.

M. Mekouar a ajouté que la répartition régionale est inégale où l’axe Casa-Kénitra se taille la part du lion (Casablanca regorge 60% des ressources).

Côté médicament, le président de l’Association AMALI, déplore que le budget de 90 MDH alloué aux médicaments psychotropes reste insuffisant avec absence des médicaments de nouvelle génération.

Dans le même contexte, M. Mekouar a fait référence à l’enquête épidémiologique Nationale sur la prévalence des troubles mentaux et les toxicomanies au Maroc, réalisée en 2007 par le ministère de la Santé en collaboration avec l’OMS. Les chiffres de cette enquête disaient que 26,5% des Marocains souffrent de troubles dépressifs, 9% de troubles anxieux, 5,6% de troubles psychotiques, 1% de schizophrénie, 2% abus d’alcool, alors que 1,4 % dépendance alcoolique.

M.Mekouar a, en revanche, mis en lumière, certaines réalisations récentes où 23 services psychiatriques intégrés à des hôpitaux ont été inaugurés, avec deux structures intermédiaires (Marrakech et Salé) et 3 hôpitaux psychiatriques El Kelaâ des Sraghna, Kénitra et Agadir, d’autant plus que deux Centres Médicaux Psychosociaux – CMPS à Casablanca ainsi qu’1 Centre d’addictologie à Sidi Moumen.

Dans ce sillage, M. Mekouar a souligné que son Association agit sur quatre plans à travers l’organisation de plusieurs conférences pour sensibiliser le public sur les méfaits de la stigmatisation, la marginalisation et l’exclusion.

Elle organise également un cycle de psycho éducation pro-famille, d’autant plus qu’elle est, depuis 2018, partenaire du ministère de la Santé et de la Fondation Mohammed V et de l’INDH pour la gestion du CMPS -Centre Médicaux Psychosocial- de Tit Mellil.

Sur un autre registre, M. Mekouar note que, pendant le confinement, et compte tenu des perturbations des services de Santé, le CMPS a continué à fonctionner avec un régime restreint, et ce avec des consultations psychiatriques à distance et l’octroi des médicaments auprès de l’hôpital psychiatrique Errazi de Sidi Hajjaj, ainsi que l’organisation de consultations thérapeutiques individuelles à distance pour les patients du Centre avec la priorité aux personnes en état de détresse, sur une plage d’horaire régulière.

S’attardant sur les projets d’AMALI, M. Mekouar a fait savoir que son Association va continuer de se battre pour défendre et venir en aide aux patients et à leur famille.

Pour consolider ce projet le président d’AMALI appelle au recrutement des formateurs en psychoéducation pour le programme pro-famille, des thérapeutes et autres spécialistes pour accompagner les patients et patientes du CMPS, ainsi qu’une équipe mobile qui se déplace à domicile afin d’éviter l’hospitalisation des patients

Le président de l’Association AMALI, a fait observer, au final, qu’à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale le 10 octobre, son association organisera, à distance sur le site électronique AMALI et sur sa page Facebook, une conférence de sensibilisation et d’information adressée aux familles des patients atteints de troubles psychiques en particulier et au grand public en général.

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