De Bruxelles à Al Qods, en passant par Marseille, Gênes et Athènes, “Bye-Bye Gillo” de Taha Adnan sillonne les planches et rafle les distinctions

De Bruxelles à Al Qods, en passant par Marseille, Gênes et Athènes, “Bye-Bye Gillo” de Taha Adnan sillonne les planches et rafle les distinctions

mercredi, 4 avril, 2018 à 11:51

Par Adil Zaari Jabiri

 Bruxelles – Rares sont les productions dramaturgiques contemporaines du monde arabe qui ont eu autant de succès à travers le monde et d’engouement pour les hommes de la scène, les traducteurs et les critiques du 6ème art.

“Bye-Bye Gillo”, un récit poignant sur l’immigration, a été donnée en représentation dans des dizaines de pays européens et arabes.

A l’occasion de la journée mondiale du théâtre, l’Institut français à Al Qods a organisé, la semaine dernière, une soirée au Théâtre national palestinien “Al-Hakawati”, autour du texte de Bye-Bye Gillo, en présence de l’auteur.

Taha Adnan se rappelle que le 15 novembre 2013, la même pièce avait été annulée à la dernière minute au théâtre Al Hakawati sous la pression des autorités israéliennes, car, explique-t-il, “par ces méthodes ils cherchent à isoler la ville sainte et à réfuter son arabité”.

“L’occupation tente par tous les moyens d’empêcher toute activité culturelle et artistique arabe dans la ville sainte”, regrette-t-il.

De sa version originale écrite en arabe, Bye Bye Gillo a été traduit en anglais, en néerlandais, en italien, en français, en espagnol et en grec, un travail qui s’est avéré “nécessaire pour élargir la réception de la pièce au-delà des frontières linguistiques”, affirme son auteur, le poète marocain installé en Belgique Taha Adnan.

La pièce quant à elle a été primée dans de nombreux festivals et remporté plusieurs prix littéraires.

A l’origine de ce succès, la sélection du texte parmi trois cent autres issus de dix pays arabes par le projet de dramaturgie arabe contemporaine, financé par l’Union européenne, pour être mis en création dans le cadre de Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la Culture.

Gillo est le pivot principal de ce monodrame. Il représente un personnage répondant au nom de Jilali, venu du Maroc pour s’installer en Belgique mais qui a été rattrapé par son statut de clandestin et s’est vu expulser vers son pays natal.

A bord de l’avion qui devait le conduire au Maroc, il évoque ses souvenirs enfouis et raconte sa vie dans le plat pays, les épreuves qu’il a traversées, sa vie sentimentale, ses contraintes familiales, un retour sur soi qui lui permet d’affronter l’instant fatal en homme lucide et libre.

“Intégrez-moi à votre façon je veux bien, changez-moi mon nom s’il ne vous plaît pas … Je peux être Gilbert, Jacques, Jean à la place de Jilali pas de problème…”, raconte à tue tête Gillo du siège de l’avion encerclé par deux gardes.

Par cette pièce écrite en 2010 mais on ne peut plus d’actualité aujourd’hui, Taha Adnan exprime la voix de ceux qui parlent rarement ou jamais, les immigrés clandestins. Il décrit dans un récit poignant leurs rêves, leurs souffrances, leurs espoirs et les convulsions sociales qui les rejettent.

“Gillo n’est pas une création ex nihilo. Il rappelle d’autres personnages comme celui de Nino, également l’intitulé d’un poème-portrait que j’avais écrit en 2006 et publié dans de mon recueil je haie l’amour”, explique Taha Adnan dans une déclaration à la MAP.

“Il n’est autre que l’incarnation de personnages similaires que l’on croise dans la vie de tous les jours, dans la réalité de l’immigration”, enchaine-t-il.

“Le personnage en question parle beaucoup, c’est un bavard, qui tombe très vite dans des monologues de nature à prédominer le récit. C’est pour cette raison que j’ai voulu l’extraire de l’environnement romanesque, aux destins et personnages multiples, pour focaliser sur sa singularité, son humanisme dans le cadre d’un monodrame”, ajoute-t-il.

Pour Taha Adnan, “que ça soit en grec dans une mise en lecture à la troisième rencontre du théâtre contemporain à Athènes en 2012, en néerlandais dans une coproduction de la fondation Moussem et de la compagnie flamande ‘t Arsenaal en 2014 ou en italien brillamment interprété par la Compagnia Italiana di Prosa à Gênes en 2016, Gillo parle toujours la même langue universelle et véhicule le même message  humaniste”.

“Par ce travail, je voulais transcender la problématique du migrant pour lui donner une voix, le rendre vivant, humain, m’approcher de lui, vivre ses moments intimes loin de tout préjugé ou stéréotype. J’ai voulu qu’on apprécie la fierté, la folie, le courage et la joyeuse énergie dont il fait preuve”, poursuit l’auteur.

Dans ce fatras de tristesse et d’amertume, l’auteur ne manque pas d’introduire sa touche sarcastique habituelle pour éviter la monotonie du récit et partant préserver la dignité de Gillo.

 

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