Confinement : le parcours du combattant des nomades

Confinement : le parcours du combattant des nomades

mercredi, 3 juin, 2020 à 12:08

Par Jamaleddine Benlarbi

Errachidia – Maîtres du désert, les nomades sont aujourd’hui acculés au chômage technique. La proclamation de l’état d’urgence sanitaire, en portant un coup d’arrêt aux activités de pastoralisme et de vente du bétail, les a plongés dans la précarité. Pas question pourtant de les abandonner à leur sort.

Des gestes de solidarité de la société civile et des mesures de soutien des pouvoirs publics sont tombés à point nommé pour les aider à tenir le coup, en attendant que l’horizon s’éclaircisse.

Les nomades dans la région de Drâa-Tafilalet tentent de relever les défis liés aux conséquences du confinement sanitaire et de s’adapter à une situation exceptionnelle en contradiction avec la nature de la vie qu’ils ont choisie.

Ils sont au fait des dispositions de l’état d’urgence sanitaire qui les oblige à rester chez eux, même si les déplacements continuels sont au centre de leurs activités tout au long de l’année et constituent même le socle de leur identité.

Certes, le confinement a accentué la souffrance de cette population active dans le domaine agricole depuis des générations. Toutefois, ils s’efforcent de surpasser cette situation, dans l’espoir d’un retour à la normale de leur cycle d’activité économique basée sur l’élevage de bétail.

Plusieurs nomades en transhumance dans la région de Drâa-Tafilalet ont souligné que cette conjoncture exceptionnelle que traverse le pays a provoqué l’arrêt de leur activité de pastoralisme, à cause de l’interdiction des déplacements entre les zones pastorales notamment durant cette période de l’année.

Cette situation, qui a eu un impact sur les revenus hebdomadaires des nomades encaissés en temps normal grâce à la vente du bétail, a poussé plusieurs acteurs de la société civile à Drâa-Tafilalet à entreprendre des initiatives solidaires visant à atténuer les effets socio-économiques de la pandémie du nouveau coronavirus sur cette population.

L’activité s’arrête, la solidarité s’organise

Parmi ces actions solidaires, celle entreprise par l’association “Akhiam”, en collaboration avec les autorités locales et provinciales et d’autres acteurs de la société civile. Il a été procédé ainsi à la distribution de produits alimentaires au profit de dizaines de familles nomades appartenant aux tribus d’Ait Merghad vivant dans des zones limitrophes entre les provinces de Midelt et Tinghir.

La pandémie du coronavirus a eu pour effet aussi de changer les habitudes alimentaires de ces nomades qui ont eu recours à la consommation des viandes du bétail élevé, tout en achetant les légumes et fruits vendus au centre Sidi Ayyad par des vendeurs disposant d’une autorisation exceptionnelle.

Ces initiatives solidaires n’ont toutefois pas évité aux nomades de Drâa-Tafialet de dépenser leurs économies accumulées au cours des dernières années ou d’opter pour des emprunts à même de les aider à dépasser cette conjoncture exceptionnelle.

Assou Asseti, membre du Conseil de la commune rurale de Mibladen (province de Midelt), a souligné que les nomades, qui ont bénéficié des aides financières de l’Etat face à la pandémie, vivent actuellement de leurs économies, mettant en exergue l’esprit de solidarité qui règne entre eux, notamment en milieu familial.

Il a précisé, dans une déclaration à la Map, que les nomades de Sidi Ayyad ont reçu les paniers alimentaires offerts dans le cadre de l’opération de soutien alimentaire “Ramadan 1441”, ainsi que des aides similaires de la part de l’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN).

M. Asseti a fait savoir que la majorité des nomades de la région ne se déplacent plus à cause de l’état d’urgence sanitaire, même si leur mode de vie est fondé sur la transhumance à la recherche des pâturages pour leur bétail.

Soutien permanent de l’Etat

Il a noté que le souci actuel des nomades est la préservation de leur cheptel, surtout dans la zone de Timahdite qui a connu une très faible pluviométrie, sachant que la location des terrains représente une lourde charge financière pour ces populations avec la fermeture des marchés où elles écoulaient leurs troupeaux.

Des mesures importantes ont été prises pour aider les nomades à dépasser cette situation, notamment dans le cadre de l’opération de distribution de l’orge subventionnée, a souligné le directeur régional de l’Agriculture à Drâa-Tafilalet, Mohamed Bousfoul.

M. Bousfoul a expliqué, dans une déclaration à la Map, que cette orge subventionnée par l’Etat au profit des éleveurs est disponible dans les 9 centres de distribution mis en place dans les 5 provinces de la région de Drâa-Tafilalet, depuis mars dernier et jusqu’au mois de juin.

Il a fait savoir que des études sont en cours de préparation sur des cartes des pâturages dans la région de Drâa-Tafilalet, conformément à la loi sur la transhumance pastorale et la gestion et l’aménagement des espaces pastoraux.

Les mesures prises dans ce cadre visent à développer et à créer des zones pastorales protégées, à développer les infrastructures de pâturage et à promouvoir les chaînes de production liées aux filières, comme les ovine, caprine et cameline, ainsi que l’apiculture et celle des herbes aromatiques médicinales.

Il a souligné que les nomades, qui dépendent toujours des déplacements, peuvent se rendre dans les zones pastorales de la région de Drâa-Tafilalet, où ce mouvement est organisé dans cette conjoncture.

Les nomades sensibilisés au confinement

M. Bousfoul a souligné qu’il est préférable, durant cette période critique, que les nomades qui disposent de nourriture pour leur bétail restent là où ils se trouvent, tandis que ceux qui n’en disposent pas peuvent obtenir ledit certificat selon certaines conditions.

Il a fait savoir que l’herbe est abondante actuellement dans les espaces pastoraux de la région de Drâa-Tafilalet notamment dans les zones montagneuses et surtout après les dernières précipitations, ajoutant que certaines zones pastorales ont été affectées par des températures élevées.

En dépit de la conjoncture délicate qu’ils traversent, souligne M. Asseti, les nomades de la région tiennent à appliquer les gestes barrières, notamment en gardant la distance de sécurité et portant des masques, mettant en exergue leur prise de conscience élevée quant aux dangers de cette pandémie.

Afin d’aider les nomades à s’installer plus longtemps dans des zones déterminées et à surmonter les difficultés de la vie, M. Asseti propose de mettre en œuvre un programme visant à leur fournir de l’énergie.

Tout en étant conscients des contraintes imposées par cette situation que traverse le Maroc, les nomades sont appelés à relever les défis de cette nouvelle réalité et à chercher des moyens de surmonter toutes les difficultés, tout en respectant toujours les mesures de confinement pour la sécurité de leurs familles.

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