Championnat turc, escale de préretraite pour des footeux emblématiques

Par Khalid Abouchoukri

Istanbul- Les clubs turcs avec à leur tête le Top 4, les trois stambouliotes (Galatasaray, Besiktas et Fenerbahçe) et le Trabzonspor, ont animé le marché des transferts se payant de grosses pointures, quoique vieillissantes, afin d’entretenir cette folle passion enfiévrant le football turc.
Cette destination de plus en plus à la mode semble aussi prendre les allures d’escale de préretraite pour des footeux ayant dépassé les 30 ans et qui viennent décrocher un dernier bon contrat ou pour avoir, dans les jambes, plus de temps de jeu avec, dans le viseur, ce petit coup de projecteur pour se relancer en prévision de l’Euro 2016.
Avant même la vraie compétition, une autre s’est jouée, à distance, lors du mercato estival entre qui fera signer la perle , la meilleure arrivée dans un pays respirant par le football et voulant grignoter un peu plus d’espace dans la sphère du ballon rond.
Selon la nouvelle réglementation de la fédération turque, les clubs sont désormais autorisés à recruter jusqu’à quatorze joueurs étrangers dans leur effectif mais à n’aligner qu’onze par match.
Entre rumeurs, dont la dernière l’atterrissage de Zlatan Ibrahimovic à Galatasaray ou encore Ronaldinho annoncé tantôt au Bursaspor tantôt à Antalyaspor, et transferts bien ficelés, les concurrents de la super ligue turque ont cassé leur tirelire pour déloger de belles godasses et asseoir cette quête d’aura internationale.
Aux premières loges, le Fenerbahçe, qui se coiffe du titre de l’équipe la plus dépensière, n’a pas hésité à dépenser sans compter au point d’affoler les compteurs.
Avec les arrivées du Portugais Nani, du Danois Simon Kjaer et le très attendu Van Persie, le président des Canaris Aziz Yildirim n’a pas rechigné à ressortir son chéquier pour d’autres folies s’attachant les services du brésilien Josef de Souza (8 millions d’euros) afin de constituer avec le lusitanien Raul Meireles l’entrejeu des jaune et bleu.
Le club de la rive asiatique d’Istanbul cherche ainsi à mettre tous les atouts de son côté pour être d’attaque la prochaine saison en allant aussi pêcher du côté de la mer de Marmara, à Bursa, s’offrant le brésilien Fernando Viana de Santana (3,5 millions d’euros), buteur de la saison écoulée (22 buts), et le jeune turc Sener ?zbayrakli (1,5 million d’euros).
Sur cette lancée, le portier portugais Fabiano Ribeiro et le sénégalais Abdoulaye Ba débarquent de FC Porto, sous forme de prêt, au Fenerbahçe qui ouvre, vendredi, le bal de la saison en recevant Eskisehirspor (11è au dernier championnat).
Grâce à ses nouvelles recrues, le Fenerbahce est devenu l’équipe la plus précieuse de la ligue avec une valeur de 158,2 millions d’euros devant Galatasaray (139 million d’euros) et Besiktas (126,5 million d’euros). La super ligue, avec ses 18 clubs, est évaluée à 1,01 milliard d’euros.
Cependant avec cette kyrielle de godasses , l’équipe n’a pas trouvé la bonne recette en se faisant éliminer, dès la première apparition, au 3è tour préliminaire de la ligue européenne des champions (Shakthar Donetsk 3-0) pour, désormais, lorgner aux barrages face aux grecs d’Atromitos une place en Europa league.
Chez leurs voisins des Aigles noirs (Besiktas), les nombreux départs à l’été devaient forcément être compensés d’autant qu’ils sont synonymes de cumule d’argent. Contraint de gérer sa saison passée avec un budget limité en attendant l’achèvement de son nouveau stade, Besiktas ne pouvait, donc, retenir son buteur maison, le Sénégalais Demba Ba (18 buts), parti au Shanghai Shenhua (Chine) contre les mirobolants 13 millions d’euros.
S’assurant en grande fanfare le retour, en transfert libre, de son ailier Ricardo Quaresma, le plus vieux des clubs turcs (fondé en 1903), poursuit sa campagne de recrutement. Dans son panier d’emplettes, il a fait le choix de renforcer sa charnière arrière avec le brésilien Rhodolfo et l’allemand Andreas Beck respectivement pour 3 et 1,75 millions d’euros.
Aux premières lignes, Besiktas réussit, au passage, une fameuse signature avec le prêt pour un an avec option d’achat de l’international allemand Mario Gomez sur qui les espoirs sont fondés pour faire oublier Demba Ba.
Le champion sortant, Galatasaray, n’a pas été aussi actif mais nous cherchons encore de nouveaux joueurs , a dit son président Dursun Aydin Ozbek qui précise n’avoir jamais approché Zlatan Ibrahimovic.
Mais déjà, l’ancienne star du Bayern Munich, Lukas Podolski, y dépose ses valises pour 2,5 millions d’euros tout comme le latéral gauche français Lionel Carole en provenance de Troyes contre une indemnité de transfert de 1,5 million d’euros.
Mais c’est le vétéran Samuel Eto’o qui, à 34 ans, trouve chez le nouveau promu Antalyaspor un point de chute après avoir fait vibrer les grands championnats européens (Espagne, Italie et Angleterre).
Ca a aussi bougé du côté de Bursaspor mais dans le sens opposé avec les départs de son milieu argentin Fernando Belluschi au Cruz Azul au Mexique (5 millions d’euros), du jeune espoir du football turc Enes Unal et ?ener ?zbayrakli respectivement pour Manchester City (pour 2 millions d’euros) et pour Fenerbahçe (1,63 million).
Cette course aux achats pour assouvir la quête de résultats bouleverse également la stabilité des équipes marquées par l’incessante valse des entraîneurs au moindre accroc avec seulement sept des dix-huit formations ayant décidé de poursuivre, en 2015-2016, l’aventure avec les mêmes entraineurs qu’à la fin de la saison dernière.
Une nouvelle saison où les quatre grands domineront aussi les bancs de touche avec la majorité des entraîneurs du championnat ayant défendu, dans leur carrière, les couleurs de Fenerbahce, Galatasaray, Besiktas et Trabzonspor.