Abbas Kiarostami ou le maître du cinéma inachevé

Par Mohamed Chennouni

Marrakech – Maître incontesté du cinéma inachevé, le cinéaste iranien Abbas Kiarostami confie que le plus important dans son cinéma est l’interaction avec le public qui doit quitter la salle de projection avec sa propre vision et conception du film.

“Ce qui m’intéresse c’est que le public quitte la salle avec sa propre conception du film. Ce genre de cinéma inachevé qui doit être achevé sur une plate-forme commune entre le réalisateur et le public”, a fait savoir le célèbre cinéaste qui animait, mercredi soir dans la Cité Ocre, une master-class dans le cadre de la 15ème édition du Festival International du Film de Marrakech (4-12 décembre).

Pour lui, quand il raconte une histoire, le pouvoir passe au spectateur, le plus important étant dans le regard et non dans le sujet.

“Si des images peuvent donner une telle force à l’autre pour les interpréter, et tirer un sens que je ne soupçonnais pas, alors il vaut mieux ne rien dire et laisser le spectateur tout imaginer”, a-t-il insisté.
Kiarostami, qui avait commencé par la peinture avant de passer au dessin graphique (affiche de cinéma) puis à la publicité et finir au cinéma, estime que si l’on considère le cinéma comme un art, son ambiguïté et son mystère sont indispensables, en ce sens qu’une image ne représente pas et ne se donne pas en représentation mais annonce sa présence, invitant le spectateur à la découvrir.

Et d’insister qu’il faut envisager un cinéma inachevé et incomplet pour que le spectateur puisse intervenir et combler les vides et les manques.

Le célèbre cinéaste iranien a de même considéré que lorsqu’on fait un film il n’y a place que pour “une seule géographie, là on se trouve et un seul sujet, celui sur lequel on travaille”, soulignant qu’il ne tient pas compte des différences culturelles, l’art et le cinéma étant un langage universel.

“En faisant un film, il n’existe d’autre géographie que le monde et d’autre identité que celle de l’être humain. L’art et le cinéma sont là pour rapprocher”, a-t-il renchéri.

Revenant sur le Festival de Marrakech, Kiarostami a salué la qualité de cette messe cinématographique qui réunit le ghota du cinéma international et contribue au rapprochement des cultures.