Abdelhaq Bouayoune : Quand le Melhoune s’infiltre au plus profond des cœurs des mélomanes

Abdelhaq Bouayoune : Quand le Melhoune s’infiltre au plus profond des cœurs des mélomanes

mercredi, 24 février, 2021 à 14:48

Par Fouad BENJLIKA

Marrakech – Réputé pour sa parfaite maîtrise du Melhoune, la mémorisation des poèmes, et une grande connaissance des circonstances de leur écriture, comme des subtiles anecdotes égayant leur signification, Abdelhaq Bouayoune offre le modèle d’artiste talentueux, doté d’une forte habileté à faire infiltrer son art au plus profond des coeurs des mélomanes.

Gardien d’un legs musical si précieux par sa sécularité et son authenticité, Bouayoune, un chantre de ce style musical ancestral, se distingue de ses pairs, par sa forte présence sur scène, sa voix sublime, et sa forte capacité à emplir, spontanément, le lieu, à capter l’attention et à susciter admiration et émerveillement d’un grand public de plus en plus assoiffé de renouer avec ce patrimoine.

Natif de Marrakech, une ville connue pour son effervescence artistique et la cohabitation de divers genres artistiques, Abdelhaq Bouayoune a réussi à marquer de son empreinte, la scène artistique nationale et locale, et à enrichir le répertoire marocain du Melhoune, par son interprétation inégalée de plus d’une dizaine de “Qsaid” (Poèmes) dédiés aux louanges du Prophète Sidna Mohamed (PSSL) (Mad’h), ainsi qu’à d’autres thèmes profanes reflétant les différents aspects de la vie quotidienne.

Cette icône si confirmée du Melhoune, qui “irradie de talent et d’intelligence”, a un goût particulier pour le mot, et une capacité particulière à évaluer la parole.

Abdelhaq Bouayoune dispose d’une forte capacité non seulement à apprendre les poèmes les plus célèbres mais également, les plus rares qu’il a reçus directement de ses éminents maîtres ou qu’il a trouvés, grâce à une recherche inlassable et une fouine minutieuse dans les feuillets et les manuscrits des grands connaisseurs de cet art incarnant l’humanité et l’humanisme dans leurs aspects les plus nobles.

Une grande expérience dans le domaine du Melhoune que l’artiste a réussi à cumuler, en côtoyant les grands maîtres de cet art et en apprenant d’eux de manière orale.

Passionné de cet art depuis son bas-âge, il tissa une addiction extraordinaire pour les poésies du Melhoune, en écoutant régulièrement les chants diffusés à la Radio durant les années 80 du siècle dernier, avec les incontournables voix sublimes de Houcine Toulali, Touhami Lharouchi, Haj Bouzoubaâ, Benghanem, Guennoun, Boucetta et d’autres.

Par la suite, cet artiste confirmé va se mettre à chercher, sans relâche, des maîtres du Melhoune dans la ville de Marrakech pour apprendre d’eux et se frotter à leur expérience et savoir-faire confirmés.

C’est ainsi qu’il devint le compagnon de feu Moulay Tayeb Lmrani, très connu à Souk Semmarine au coeur de l’ancienne médina. Ce dernier, lui livra des poèmes rares du Melhoune, tels “al Hayfâ” (la svelte) et “hubb Hbib Er-Rahman”(l’amour du bien aimé du Miséricordieux) ou encore, “wansatni Hniya” (Hniya a consolé ma solitude) du Cheikh Jilali Mtird.

Abdelhaq Bouayoune rejoint aussi Haj Mohammed ben Omar et reçoit de lui l’art de la parole dans le cadre de l’association Jilali Mtird, avant de découvrir le groupe des frères Amenzou.

Mais cet artiste considère sa relation avec Abdellah Chliyeh comme un moment décisif dans sa carrière, car c’est en présence de ce Cheikh qu’il discernera profondément tout ce qui a trait au Melhoune au niveau de sa terminologie que de ses différentes étapes.

Dans ce sens, Bouayoune n’a de cesse d’évoquer son maître Chliyeh, qui lui a offert l’occasion de montrer ses talents et sa grande capacité à mémoriser et à maîtriser cet art musical si original bien que c’est l’artiste Jilali Mtird, qui lui servait d’idole.

Ayant imprégné la poésie du Melhoune de magie, de beauté et de sagesse, Jilali Mtird, rappelle-t-on, apparaît comme étant un “sage créateur” ayant inventé de nouveaux thèmes et découvert un nouveau style poétique appelé le “Soussi” qui vient s’ajouter aux deux modes à savoir : “Lambiyyet” et “maksour ljnâh”.

Il est aussi l’artiste talentueux ayant abordé de nouveaux thèmes : “al-Harraz” (la Sentinelle), “al-Chémâa” (la Bougie), “al-zathma” (Flagrant Délit), “lFsada” (la Saignée), “lKffara” (la Rédemption), “al-Daif” (l’Hôte) et “al-Dmana”(le Gage).

Ainsi, Cheikh Jilali Mtird représenta un portail d’accès pour le jeune Abdelhaq, au monde merveilleux du Melhoune qu’il ne quittera plus jamais.

Il l’initia de fait à l’art de l’écoute et aux subtilités du Melhoune lui permettant, en tant que jeune prodige de cet art, de se lancer dans le chant et de sillonner ainsi, les lycées de Marrakech.

Une autre opportunité s’offre à Bouayoune quand il rejoint la troupe de théâtre Al -Wafae en 2003.

Cet artiste croit dur comme ferme que tout ce qui pourrait servir la cause du Melhoune serait le bienvenu à commencer par l’art dramatique.

Il n’hésitera pas à se mettre ainsi, sur les traces de l’artiste Abdesslam Chraïbi, l’homme de théâtre, premier, dans l’histoire du Maroc, à avoir opéré une jonction réussie entre le Melhoune et le théâtre.

Le monde de la célébrité ne tarde pas à s’ouvrir devant Bouayoune, et l’exercice radiophonique s’offre à lui depuis 2005, et le met également au service de sa quête.

C’est ainsi que son passage dans des émissions radiophoniques lui fait gagner l’amour et le respect d’un large public national et international.

Artiste aimé et respecté, Abdelhaq Bouayoune a réussi à donner à cette forme d’expression musicale, un nouveau souffle, grâce à sa persévérance et son assiduité mais aussi, à sa passion pour cette musique, son goût raffiné et son amour pour la poésie et les anecdotes.

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