Attentats de Bruxelles : Deux ans après, la Belgique panse toujours ses plaies

Attentats de Bruxelles : Deux ans après, la Belgique panse toujours ses plaies

mercredi, 21 mars, 2018 à 12:30

 

— Par Amal TAZI.

 

Bruxelles –  Il y a deux ans, la Belgique a été frappée de plein fouet par le terrorisme aveugle. C’était le 22 mars 2016, un mardi noir où la capitale belge s’était réveillée dans l’horreur, au son des explosions meurtrières qui ont secoué l’aéroport et le métro bruxellois. Bruxelles venait de vivre les pires attentats terroristes de son histoire. Depuis, les tragiques événements hantent les esprits des Belges et du monde entier, mais surtout des victimes directes ou proches des personnes décédées ou blessées qui essaient tant bien que mal de se reconstruire.

C’est le cas de Mohamed El Bachiri, époux de Loubna Lafquiri, la victime maroco-belge qui a péri dans l’attentat commis dans la station de métro Maelbeek, située au cœur de la capitale, non loin des institutions européennes.

Cet ancien conducteur de métro (ironie du sort !) a toujours les yeux embués de larmes lorsqu’il évoque le moment qui allait bouleverser à jamais sa vie et celle de ses trois enfants. Il était de repos ce jour-là lorsqu’une amie vient à la maison lui apprendre la triste nouvelle de la disparition de la jeune femme de 34 ans.

Comme chaque matin, cette professeure d’éducation physique se rendait à son travail… mais sans arriver à destination cette fois. Elle ne reviendra plus… “J’ai vérifié le téléphone, la connexion était arrêtée à 9 h11. J’ai eu un mauvais pressentiment…puis c’est l’effondrement”, se souvient encore avec amertume ce trentenaire, la voix cassée.

L’ampleur du choc est telle qu’il n’y a pas un jour où il ne pense pas à Loubna qui continue à lui manquer ainsi qu’aux enfants, dont le petit de quatre ans ne comprend toujours pas ce qui s’est passé à sa maman.

“Chez nous, le 22 mars on le vit tous les jours”, confie le jeune père éploré qui évoque une date anniversaire “triste” et “douloureuse” qui n’a plus à ses yeux cette connotation de renaissance associée à l’arrivée du printemps.

A l’heure de la commémoration du drame, le Belgo-marocain revient dans un entretien à la MAP, sur sa souffrance et celle de ses enfants terriblement affectés par cette perte cruelle mais aussi sur son combat pour perpétuer la mémoire de sa défunte épouse et celles des autres victimes, brandissant un message d’amour et de paix face à l’obscurantisme. C’est d’ailleurs le message qu’il a tenu à porter en guise de contribution à l’hommage rendu, ce mercredi à Bruxelles, à la victime belgo-marocaine par la commune de Molenbeek-Saint-Jean qui a baptisé une nouvelle place du nom de Loubna Lafquiri.

El Bachiri, dont le message figure sur la stèle inaugurée à cette occasion, salue cette initiative, y voyant “une sorte de lien indéfectible, d’amitié et de fraternité” entre ses deux chers pays, la Belgique et le Maroc, qu’il tient à remercier pour leur soutien.

Pour celui qui considère que sa binationalité est “une chance”, il s’agit là aussi d’une manière de répondre à “l’obscurantisme qui dit que le musulman n’a pas de place en Occident” et partant déconstruire le discours de ceux qui prêchent une telle idéologie de haine. “Et bien la preuve c’est que Loubna a sa place, son monument et même une place qui porte son nom en Belgique, c’est une réponse à ceux qui cherchent à nous diviser”, affirme-t-il.

Devenu à 37 ans “écrivain malgré lui” après les attentats de Bruxelles, El Bachiri a déjà publié un témoignage poignant en la mémoire de sa défunte épouse et des autres victimes du terrorisme, dans son livre “Un jihad de l’amour” dans lequel il lance un appel à la tolérance, au respect et à la fraternité.

Il se réjouit des “réactions positives” suscitées par le livre, réalisé en collaboration avec David Van Reybrouck, et surtout de son “impact incroyable” en Occident, dans un contexte d’islamophobie. “Beaucoup de gens étaient assez surpris de voir comment un musulman lambda pouvait réagir de cette manière après le drame qu’il a vécu”, relève-t-il.

S’il reconnait avoir tendance à occulter sa souffrance et sa douleur, il assure que celles-ci sont bien réelles, faisant partie de son intimité. “Mais j’ai plus envie de donner quelque chose en mémoire de Loubna et des victimes en répondant aux terroristes et à la terreur par un message d’amour, de tolérance et d’humanisme”, explique-t-il.

Se sentant doublement victime du terrorisme, autant de par la perte de sa femme que par la stigmatisation dont fait l’objet la communauté musulmane en Occident, l’auteur s’est donné notamment pour mission de véhiculer ce message auprès des jeunes de la commune bruxelloise Molenbeek, tristement célèbre pour avoir abrité des auteurs présumés des attentats terroristes du 13 novembre 2015 à Paris. Une manière de contribuer, selon lui, à “redorer l’image de Molenbeek et des Molenbeekois”.

 

Lire aussi

JPO de la DGSN: le dispositif “Tifli Moukhtafi” a permis de retrouver 124 enfants disparus

dimanche, 19 mai, 2024 à 18:38

Le dispositif “Tifli Moukhtafi” (Mon enfant a disparu), un mécanisme d’alerte et de recherche des enfants déclarés disparus, a permis de retrouver 124 enfants, depuis son lancement en 2023 par la Direction générale de sûreté nationale (DGSN) en partenariat avec la société Meta.

Regards croisés au SIEL sur la vie et l’oeuvre d’Edmond Amran El Maleh

dimanche, 19 mai, 2024 à 11:13

L’oeuvre prolifique du grand écrivain et intellectuel Edmond Amran El Maleh a été au cœur d’une conférence de haut niveau, samedi à Rabat, dans le cadre de la 29ème édition du Salon International de l’Edition et du Livre (SIEL) qui consacre un stand en hommage à la mémoire de cette icône de la scène intellectuelle et culturelle marocaine.

SIEL-2024 : Remise du 10ème Prix national de la lecture

samedi, 18 mai, 2024 à 22:09

Le Prix national de la lecture, dans sa 10ème édition, a été décerné à dix lauréats, à l’occasion d’une cérémonie organisée, samedi à Rabat, dans le cadre du 29ème Salon international de l’édition et du livre (SIEL).