Violence contre les Asiatiques: l’Amérique face aux démons du racisme et du suprémacisme blanc

Violence contre les Asiatiques: l’Amérique face aux démons du racisme et du suprémacisme blanc

vendredi, 19 mars, 2021 à 12:01

-Par : Omar ACHY-

Washington – La triple attaque d’Atlanta qui a fait cette semaine huit morts, dont six femmes asiatiques, a profondément choqué l’Amérique. Le suspect, un homme blanc de 21 ans, qui a avoué le crime, a nié tout mobile “raciste” mais le drame intervient sur fond d’une flambée de violence contre la communauté asiatique et d’une montée inquiétante des mouvements d’extrême droite.

Durant l’année écoulée, le nombre d’incidents haineux ciblant les Asiatiques, entre commentaires racistes, insultes et attaques physiques, a été plus élevé qu’auparavant. Les femmes ont été particulièrement visées.

L’organisation Stop AAPI Hate, qui milite contre les discriminations à l’égard des AAPI (Américains d’origine asiatique et des îles du Pacifique), fait état de quelque 3.800 incidents signalés durant les 12 derniers mois, marqués par la pandémie du coronavirus, soit une nette hausse par rapport à une année auparavant. Les femmes représentent 68% des victimes de ces délits racistes.

Les personnes d’origine asiatique sont souvent accusées d’être à l’origine de la propagation du nouveau coronavirus, un “racisme décomplexé” aux Etats-Unis et ailleurs, entretenu parfois par des hommes politiques et relayés par des médias et sur les réseaux sociaux.

L’expression “virus chinois” a été souvent utilisée par l’ancien président américain Donald Trump pour accuser la Chine d’avoir provoqué la pandémie. S’il a suscité l’ire de Pékin, Trump a aussi attisé les appréhensions de la communauté asiatique américaine qui y voit une consécration des stéréotypes qui risquent d’alimenter un racisme latent.

Certes, l’ancien locataire de la Maison Blanche s’est défendu que cette formule “n’est pas du tout raciste” mais se réfère, selon lui, à l’origine du virus.

D’après Lok Siu, professeur d’études américano-asiatiques de l’Université CalifornieBerkeley, les tueries d’Atlanta- ainsi que l’augmentation des attaques anti-asiatiques dans les grandes villes américaines- sont pourtant “sans surprise, un rappel de la longue histoire de la violence anti-asiatique en Amérique”.

Cette violence, souvent motivée par la xénophobie anti-asiatique, est devenue “une pratique américaine structurelle en temps de crise”, enchaîne-t-elle dans une interview au site Berkeley News en référence à la montée des actes haineux en cette période de crise sanitaire.

Ce sentiment anti-asiatique aux États-Unis n’est pas nouveau. Beaucoup d’analystes rappellent la loi d’exclusion des Chinois de 1882, qui interdisait aux immigrants chinois de devenir citoyens américains, et le décret du président Franklin Roosevelt en 1942 qui a placé les Américains d’origine japonaise dans des camps d’internement.

Dans une tribune au Washington Post, Alafair Burke, professeur de droit à l’université de Hofstra, s’inquiète, pour sa part, que le racisme contre les Américains d’origine asiatique “n’est souvent ni reconnu ni contesté en raison des stéréotypes qui décrivent les Américains d’origine asiatique comme des personnes qui n’ont pas besoin de protection contre les abus – ou qui ne la méritent pas.”

La montée des actes xénophobes contre la communauté asiatique a été exacerbée par le contexte de la crise sanitaire et économique liée à la pandémie mais reflètent, selon bien des observateurs, une Amérique polarisée par de vives tensions politiques et sociales et une élection présidentielle particulièrement tendue.

“Il est plus facile de désigner un bouc émissaire et de diriger la colère et la rage contre un coupable facilement identifiable”, note l’universitaire Lok Siu, jugeant que la pandémie a mis à nu les profondes disparités économiques et raciales qui ont façonné et continuent de façonner la vie de différentes communautés raciales aux Etats-Unis.

Au-delà du mobile du tueur d’Atlanta, cet énième acte n’est pas étranger à la montée des suprémacistes blancs, un extrémisme de l’intérieur, longtemps sous-estimé, avant de choquer et indigner les Etats-Unis après l’assaut contre le siège du Congrès en début d’année. Cette attaque contre le temple de la démocratie américaine a révélé au grand jour l’ampleur et le danger de ces suprématistes qui essaiment dans le pays sans crainte alors même que de nombreux présumés adeptes de cette idéologie figurent sur la base de données nationale de filtrage des terroristes.

“Les récits de fraudes lors des récentes élections générales, l’effet enhardissant de l’intrusion violente dans le Capitole américain, les conditions liées à la pandémie de COVID-19 et les théories complotistes encourageant la violence, inciteront presque certainement certains (ndlr: extrémistes violents nationaux) à tenter cette année de s’engager dans des actes de violence”, prévient un rapport des services du renseignement remis au Congrès cette semaine.

Le document souligne aussi que les loups solitaires et les groupuscules d’extrémistes sont les plus susceptibles de commettre des attentats, avertissant qu’ils “se radicalisent souvent de manière indépendante en consultant du matériel d’extrémisme violent en ligne et se mobilisent sans être dirigés par une organisation extrémiste violente, ce qui rend difficiles la détection et la perturbation de leurs activités”.

Dès son discours d’investiture, le président américain Joe Biden a reconnu l’ampleur de ce phénomène et sa gravité.

Tout récemment, il a décrit le terrorisme domestique comme la “plus grande menace” en Amérique et qualifié les suprémacistes blancs de “personnes les plus dangereuses”.

Vaincre cette menace reste néanmoins un défi colossal pour celui qui a promis d’unir le pays tellement ce mal, selon son propre diagnostic, se nourrit du racisme, de la xénophobie et de l’intolérance.

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