Au Danemark, un gouvernement de compromis au forceps

Au Danemark, un gouvernement de compromis au forceps

mercredi, 26 juin, 2019 à 11:19

.-(Par Houcine MAIMOUNI)-.

Copenhague – Depuis que le “bloc rouge” a remporté une victoire historique aux élections législatives du 5 juin au Danemark, les trois partis de cette coalition se sont englués dans d’âpres négociations qui ont accouché au forceps, dans la nuit de mardi à mercredi, d’un gouvernement de compromis.

“Bien entendu, c’est avec grand plaisir qu’après trois semaines environ de négociations, nous pouvons annoncer qu’une majorité est en faveur de la création d’un nouveau gouvernement au Danemark”, a déclaré Mette Frederiksen, leader des Sociaux-démocrates (SD), vainqueurs du scrutin.

Les partenaires du bloc rouge se sont accordés sur un “document politique ambitieux, progressiste, juste et offensif” qui, selon ses propres termes, “engage” le prochain gouvernement et elle-même en tant que Première ministre.

Sa nomination en tant que Première ministre, n’étant qu’une formalité, devrait être actée mercredi lors d’une audience avec la reine Margrethe II, qui l’avait déjà reçue au lendemain de la victoire de son parti aux législatives.

Pour y parvenir, il a fallu aux partenaires politiques trois interminables semaines de tractations, la plus longue période nécessaire à la formation d’un cabinet depuis le gouvernement Poul Schlüter qui a pris 24 jours en 1988. Loin du record, il est vrai, du gouvernement Anker Jørgensen, qui a pris 35 jours de gestation en 1975.

Avec 25,9% des suffrages (48 sièges), les sociaux-démocrates (SD), dirigés par Mme Frederiksen (41 ans), sont devenus le premier parti du pays, quoiqu’avec un léger recul par rapport à 2015, en raison d’une progression des partis de gauche et de centre-gauche.

Le bloc rouge, composé en plus des SD, des Sociaux-libéraux, de l’Alliance rouge-verte et du Parti socialiste populaire (SF), peut désormais compter sur une majorité absolue de 91 sièges sur les 179 que compte le Parlement danois (Folketing).

“Si nous examinons la formation du gouvernement au cours des 30 dernières années, ce sera considérée comme l’une des plus difficiles”, a affirmé le commentateur politique Hans Engell, précisant que l’un des problèmes tient au fait que les SD ont clairement indiqué dès le début qu’ils voulaient former seuls un gouvernement minoritaire.

Si le SF et l’Alliance rouge-verte ne sont pas contre, les Sociaux-libéraux sont convaincus qu’un gouvernement de centre-gauche de ce type ne peut être formé sans eux, a-t-il poursuivi.

Par le passé, les Sociaux-libéraux, qui ont souvent gouverné ensemble avec les SD, ont doublé cette année leur nombre de sièges de 8 à 16, avec 8,6% des suffrages, ce qui les a placés dans une position-clé dans les négociations.

La mésentente entre les deux partenaires s’est exacerbée davantage depuis que les SD ont opéré un virage à droite sur la question migratoire, entraînant du coup une posture plus exigeante du SF.

Or, le SF, avec d’autres partis de gauche, a fait campagne pour la fermeture du centre Sjælsmark, une installation d’hébergement controversée pour les demandeurs d’asile déboutés.

Sous la direction de Mme Frederiksen, les SD ont appelé à une limitation des “immigrants non occidentaux”, à l’expulsion des demandeurs d’asile vers un centre d’accueil en Afrique du Nord et à l’obligation pour tous les immigrants de travailler 37 heures par semaine en échange des avantages sociaux.

Au cours de l’année dernière, elle a multiplié les entretiens avec le Parti du peuple danois (DF, extrême-droite) et a évoqué une éventuelle coopération au sein du gouvernement, tout en votant en grande partie pour les législations anti-immigration les plus dures que le gouvernement de coalition de centre-droite ait promulguées dans l’histoire du Danemark.

Tout y est passé : De la loi autorisant la confiscation des bijoux des réfugiés à l’interdiction de la burqa et du niqab, en passant par les poignées de main obligatoires pour l’obtention de la citoyenneté et le plan d’hébergement des demandeurs d’asile criminels sur l’île de Lindholm utilisée pour la recherche de maladies animales contagieuses.

Cerise sur le gâteau, elle a soutenu, en février dernier, ce que le parti populiste d’extrême-droite a qualifié de “changement de paradigme” – une incitation à faire du rapatriement, plutôt que de l’intégration, l’objectif de la politique d’asile.

Sauf qu’à la question migratoire, principale pomme de discorde dans les négociations de la formation du nouveau gouvernement, s’ajoute la révision de la politique du Danemark au sujet de son refus, depuis 2016, d’accepter un quota de réfugiés de l’ONU.

Dans un pays traditionnellement sensible à l’écologie, les problématiques du climat et de la transition énergétique se sont imposées avec force, certains partenaires tablant sur une réduction de 70% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.

Sans surprise, le bien-être social qui a longtemps fait la fierté du pays nordique s’est invité aux négociations. Alors que certains exigeaint un meilleur accueil dans les structures de garde des enfants, d’autres réclamaient la révision de la limite d’indemnisation du chômage, au moment où d’autres se focalisaient sur les pensions-retraites.

Durant toute la guerre des nerfs consécutive à la formation d’un gouvernement, Mme Frederiksen, en apparatchik plusieurs fois ministre (2011-2015), a réussi le pari de rallier à sa cause des partenaires aux visions pas toujours conformes.

Au Parlement, elle peut d’ores et déjà compter sur l’appui, l’expérience et la notoriété d’un cacique de son parti, le social-démocrate Henrik Dam Kristensen, élu vendredi dernier président du Folketing.

A elle désormais de montrer “si elle a les épaules d’une femme d’Etat capable de dépasser les conflits anciens pour saisir les possibilités offertes au centre-gauche par les électeurs”, comme l’écrivait au lendemain des législatives l’éditorialiste du journal de référence Politiken.

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