Malika Diouri, une ambassadrice de l’art de vivre marocain au pays de la cumbia

Par Mohammed BEN MESSAOUD.

Bogotá – En entreprenant, en 2013, le tour du monde en caravane, en compagnie de son époux et de ses trois enfants, Malika Diouri, n’avait jamais pensé qu’elle sera, un jour, amenée à suspendre, provisoirement, cette aventure. Et pour cause: elle a eu un coup de foudre irrésistible pour la Colombie où elle a décidé de s’installer avec sa famille.

L’odyssée de cette Marocaine, native de Casablanca, a commencé il y a cinq ans, lorsque, après une longue réflexion et trois ans de préparatifs, elle a tout laissé tomber et décidé de mettre le cap, en compagnie de son époux, Anouar Atmani, et ses enfants Meïssa, Mehdi, Maya, âgés à l’époque de 10, 9 et 8 ans, sur l’Amérique du Sud pour un tour du monde, baptisé “Planet Khmissa”. L’objectif étant d’aller à la découverte d’autres contrées et faire connaître le Maroc en véhiculant son message de paix et de rapprochement entre les cultures et les civilisations.

A bord de sa robuste caravane Meskellil, accompagnée de sa petite famille et armée d’une volonté à toute épreuve, Malika a traversé, lors de la première étape, l’Atlantique vers l’Uruguay, avant de sillonner, de bout en bout, l’Argentine, le Chili, la Bolivie et le Pérou.

Lors de la seconde étape de ce périple inédit, elle va parcourir l’Équateur, la Colombie et le Venezuela.

“Partout lors de nos escales, on a été reçus par les autorités des pays visités et des réceptions nous été offertes par les mairies et les parlements de la région, ce qui nous a permis de promouvoir l’image du Maroc en tant que pays d’ouverture et de terre de dialogue entre les cultures et les civilisations”, se souvient Malika, dans un entretien à la MAP.

“Ma plus grande fierté était de voir mes enfants présenter le Maroc à d’autres enfants dans les écoles d’Argentine, d’Uruguay, du Pérou, du Chili, de Colombie et du Venezuela”, ajoute Malika, selon laquelle ce voyage était également l’occasion de promouvoir l’image et le rayonnement du Maroc dans cette partie du monde si lointaine et faire connaître son histoire multiséculaire lors des discussions qu’elle a eues avec les gens.

“Notre séjour en Amérique du Sud a suscité un intérêt particulier pour le Maroc chez la presse audio-visuelle des pays de la région qui a réalisé plusieurs reportages sur notre aventure jetant la lumière sur la richesse de l’histoire du Royaume et l’authenticité de son patrimoine culturel et humain, ainsi que sur son ouverture sur le monde”, raconte Malika.

S’arrêtant sur les raisons qui l’ont poussée à élire domicile en Colombie, Malika indique que ce choix a été motivé par la position géographique de ce pays à la jonction entre l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale ainsi que par son potentiel touristique et ses opportunités en la matière notamment après la signature, en 2016, de l’accord de paix entre le gouvernement et la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

Forte d’une longue expérience dans le domaine du tourisme et du conseil en hôtellerie et restauration, qu’elle a accumulée, au fil des ans, au Maroc et à l’étranger notamment en France où elle avait géré plusieurs établissements hôteliers à Paris, Malika s’est lancée, avec son époux, dans un projet touristique des plus ambitieux, baptisé “Casa de Marruecos” (Maison du Maroc).

Pour ce faire, elle a d’abord créée une société qu’elle a baptisée “Planet Khmissa Colombia”, légalement inscrite auprès de la Chambre de commerce de Bogotá, avant d’acquérir un lot de terrain de 3,5 hectares à Silvia, à une centaine de kilomètres de la ville de Cali, chef-lieu du département du Valle del Cauca, distant de plus de 700 km de la capitale Bogotá.

Le choix de Silvia pour y monter ce projet s’explique par l’emplacement de ce site, classé parmi les destinations de premier choix en matière d’éco-tourisme non seulement en Colombie, mais au niveau de toute l’Amérique du Sud, explique cette diplômée en Études supérieures en hôtellerie et restauration de l’École hôtelière de Lausanne, en Suisse.

La future Maison du Maroc sera dotée de 10 bungalows portant les noms de Marrakech, Essaouira, Chefchaouen, Fès, le Rif, Azrou, Merzouga, Tazota El Jadida, Taroudant et Dakhla, précise-t-elle. Chaque chalet sera construit selon l’architecture marocaine ancestrale et richement décoré d’objets de l’artisanat de chaque région, poursuit Malika, ajoutant que l’objectif est d’emmener les clients dans un voyage virtuel à travers le Maroc.

Le visiteur aura ainsi la possibilité de découvrir sur place le Maroc et la richesse de son art de vivre, indique Malika, qui précise que la gastronomie marocaine ne sera pas en reste. La Maison du Maroc sera également dotée d’un restaurant offrant des plats dans la plus pure tradition culinaire marocaine.

Conçu sous la forme d’un éco-village, qui respecte l’environnement, ce projet sera autosuffisant en énergie propre, doté de fosses sceptiques et d’un système de traitement des ordures, détaille Malika.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un ambitieux projet visant à créer, à long terme, des Maisons du Maroc, sous forme d’éco-villages “Planet Khmissa” dans les quatre coins du monde.

La réalisation de ce projet se veut une contribution “symbolique” de Malika et de son époux à la consolidation de la coopération Sud-Sud, en droite ligne avec la politique tracée en la matière par le Maroc, sous le leadership de SM le Roi Mohammed VI, précise-t-elle.

Répondant à une question sur son intégration en Colombie, Malika affirme que grâce à sa maîtrise de la langue espagnole, son intégration au sein de la société colombienne ainsi que celle des membres de sa famille se passe dans les “meilleures conditions”.

“Je n’ai jamais senti de dépaysement, tellement les gens d’ici sont accueillants et sympathiques, comme les Marocains. Les peuples marocain et colombien ont plusieurs points en commun”, tranche-t-elle, se disant satisfaite de la scolarité de ses enfants qui suivent des cours par correspondance en espagnol.

Malika conclut, l’air serin, qu’une fois la Maison du Maroc sera opérationnelle, elle reprendra son tour du monde, à bord de Meskellil, comme prévu initialement.