Printemps arabe : les élites politiques arabes sont en décalage par rapport à la rue (Mahmoud Jibril)

Printemps arabe : les élites politiques arabes sont en décalage par rapport à la rue (Mahmoud Jibril)

lundi, 1 juillet, 2013 à 12:52

Propos recueillis par Meriem Rkiouak et Nizar Lafraoui

Assilah – Les élites politiques arabes sont aujourd’hui en décalage par rapport au rythme avec lequel évolue la rue, a estimé l’ancien président du conseil exécutif du Conseil national de transition libyen, Mahmoud Jibril, pour qui la rue seule pourra trancher le conflit entre les différents courants et référentiels du paysage politique arabe.

Le cours des événements intervenus dans le sillage du Printemps arabe a prouvé que “la rue et la jeunesse ont une grande longueur d’avance par rapport à leurs élites et leur système politique”, ce qui met les formations politiques arabes dans l’obligation de “changer de discours et de programmes” afin de rattraper ce retard, a insisté M. Jibril dans un entretien à la MAP en marge du 35ème Moussem culturel international d’Assilah.

C’est cette même rue, qui brille par son dynamisme, qui aura le dernier mot sur l’issue de la confrontation entre les idées et les référentiels diamétralement opposés des composantes de l’échiquier politique arabe, a-t-il affirmé, ajoutant que “nous assistons aujourd’hui à un changement de paradigme” qui fait de la rue, et non plus des élites, le centre du jeu politique.

Selon le politicien libyen, tout jugement porté, en ce moment précis, sur le Printemps arabe ne peut qu’être “hâtif et éloigné de la réalité”, étant donné que le processus de changement enclenché par cet événement majeur n’a fait que commencer et ne s’est pas encore stabilisé pour pouvoir faire l’objet d’une évaluation globale et objective.

En réaction aux tenants de la thèse du “complot universel” selon lesquels le Printemps arabe a été planifié et exécuté par des parties étrangères, M. Jibril a affirmé que les soulèvements populaires qu’ont connus certains pays de la région ont été “bel et bien l’œuvre de la rue et c’est à la rue qui doit décider du sort de ce phénomène sans précédent dans le monde arabe” qu’elle a fait naître.

Cela n’empêche, a-t-il admis, que “les grandes puissances internationales cherchent à gagner du terrain et à servir leurs intérêts dans la région en profitant du climat d’agitation qui y prévaut actuellement”.

Evoquant la situation en Libye, l’ancien numéro deux du CNT a exprimé son inquiétude vis-à-vis de la militarisation du conflit entre les parties prenantes au jeu politique, déplorant les agissements de certaines parties qui “tentent d’imposer leurs agendas par la force, l’arme et la violence”.

S’inspirant de son expérience personnelle, M. Jibril, aujourd’hui à la tête du parti de l’Alliance des forces nationales, considère que les mouvements à référentiel islamique “ont naturellement leur place dans le jeu politique” mais qu’ils doivent puiser leur légitimité et crédibilité dans les programmes de développement qu’ils portent plutôt que dans leur référentiel et leur discours islamique.

Pour M. Jibril, le succès de l’Islam politique comme pensée et pratique reste tributaire de la capacité des partis qui s’en réclament à “traduire leur idéologie en programmes et projets de développement concrets et efficaces qui améliorent tangiblement les conditions de vie des citoyens”, faute de quoi ce courant ne serait qu’”une coquille vide”.

Quoi qu’il en soit, la modération et la tolérance doivent l’emporter sur les discours hargneux qui attisent les tensions intercommunautaires et portent gravement atteinte à l’image de l’Islam, a insisté M. Jibril, appelant à plus de vigilance pour éviter que les agissements irresponsables de certaines partis au référentiel islamique ne soient instrumentalisés pour diaboliser l’Islam auprès de l’opinion publique internationale.

Invité du 35ème Moussem culturel international d’Assilah, M. Jibril était intervenu à l’ouverture d’un colloque international sur “Les saisons du Printemps arabe : notre vision et celle des autres”, animé par d’éminents politiciens, diplomates et chercheurs qui ont passé au peigne fin certains aspects politiques, socioéconomiques et culturels du Printemps arabe.

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