Ramadan à Saint-Domingue : entre piété et nostalgie

PAR M’jid Allal

Saint-Domingue- Le mois de Ramadan a une saveur particulière à Saint-Domingue, où la mosquée “Al-Nour”, la seule dans la capitale dominicaine, devient la destination des membres de la communauté musulmane, qui veillent, non sans un brin de nostalgie pour l’ambiance familiale dans leurs pays d’origine, à l’accomplissement des rites religieux pour préserver leur identité musulmane et se ressourcer en ce mois béni.

C’est dans cette atmosphère de communion et de recueillement que la communauté musulmane en république dominicaine célèbre le mois de Ramadan en multipliant les bonnes oeuvres et les séances de lecture du Saint Coran à la mosquée “Al Nour”, vers laquelle affluent de nombreux fidèles pour accomplir les prières, assister aux séances de prédication religieuse et prendre part aux repas collectifs de rupture du jeûne organisés chaque année dans cette mosquée en ce mois sacré, une occasion pour cette communauté musulmane de raffermir les liens de solidarité entre ses membres et de réaffirmer leur attachement à l’identité musulmane et à ses valeurs authentiques.

Ainsi, les plats offerts lors de ces Iftars collectifs reflètent, dans une certaine mesure, les différences gastronomiques propres aux pays auxquels appartiennent les membres de la communauté musulmane en république dominicaine. En effet, chaque jour, à la rupture du jeûne, les organisateurs tiennent à servir des plats typiques de pays différents, une manière pour permettre aux participants de découvrir et de savourer différentes spécialités culinaires.

Selon Hamdi Mahmoud, Imam de la mosquée “Al-Nour”, la spécificité du Ramadan à Saint-Domingo ne se réduit pas au seul aspect religieux, en ce sens que ce mois sacré constitue une occasion de consolider les liens de solidarité, dans un climat de sérénité et de convivialité, entre les musulmans de différentes nationalités, au-delà de leurs différences linguistiques.

Ces repas collectifs de rupture du jeûne au cours du mois de Ramadan offrent également une opportunité de communication entre les musulmans et les non-musulmans qui viennent à la mosquée pour assister à ces repas préparés par des restaurants islamiques et découvrir les valeurs authentiques de l’Islam, a-t-il dit dans une déclaration à la MAP.

Ces Iftars collectifs, financés par des dons offerts par des hommes d’affaires musulmans dominicains, est l’un des aspects de la solidarité entre les membres de la communauté musulmane, comme ils représentent un moyen de communication et d’échange avec les musulmans dominicains, a-t-il poursuivi.

Après avoir mis en relief la portée spirituelle du mois de Ramadan, il s’est félicité de la grande affluence des fidèles musulmans à la mosquée à l’heure de la rupture du jeûne et pour l’accomplissement des prières de Tarawih, ajoutant que la mosquée est devenue un lieu de sensibilisation religieuse et d’éducation spirituelle à travers les séances de prédication dispensées par l’Imam en langues arabe et espagnole sur les valeurs de l’Islam.

Il a indiqué que les membres de la communauté musulmane en république dominicaine représentent différentes nationalités (Maroc, Algérie, Egypte, Liban, Irak, Syrie, outre des Pakistanais qui constituent près de 60 pc de la communauté) et tiennent à amener leurs enfants avec eux à la mosquée pour leur inculquer les principes de l’Islam et les valeurs de tolérance et de solidarité qu’il prône.

Il a rappelé que la mosquée Al-Nour, fondée en 2000 et gérée par une association élue pour deux ans par les membres de la communauté musulmane, mène des activités parallèles à travers la participation aux salons culturels et organise des séminaires dans le cadre du dialogue entre les religions au sein des universités et des écoles supérieures pour faire connaître les préceptes de l’Islam.

“La rupture collective du jeûne est une occasion pour rassembler les membres de la communauté musulmane dans une atmosphère ramadanesque conviviale qui atténue notre sentiment de dépaysement et de nostalgie”, estime pour sa part Batach, un commerçant marocain établi depuis un an à Saint-Domingue.

Irfan Khaled, médecin pakistanais vivant à Saint-Dominique depuis près de 15 ans, estime de son côté que sa présence à la mosquée aux côtés des membres de la communauté musulmane, notamment au moment de la rupture du jeûne et de la prière des Tarawih le soulage et lui fait oublier tout sentiment de dépaysement, notant que les repas de rupture collective du jeûne est un moyen de communication sociale entre les musulmans.