Sécurité alimentaire en Afrique, le challenge persiste

Sécurité alimentaire en Afrique, le challenge persiste

mardi, 18 octobre, 2016 à 11:31

      -(Par Azedine Lqadey, Correspondant de la MAP à Ouagadougou)-.

 Ouagadougou – Si c’est vrai que la faim a reculé dans le monde, où des dizaines de millions de personnes ont été sauvées de ce fléau, cette amélioration connaît néanmoins de fortes disparités régionales, notamment en Afrique.

Ce continent est particulièrement vulnérable aux changements climatiques et les conséquences de ces derniers peuvent être désastreuses aussi bien pour la sécurité alimentaire que la sécurité politique, d’où l’intérêt particulier qui sera accordé à ce sujet lors de la Conférence internationale sur les changements climatiques (COP22), prévue en novembre à Marrakech.

Le nombre de personnes souffrant de la faim en Afrique sub-saharienne, par exemple, reste encore important et ce, en dépit des progrès enregistrés au niveau du continent africain en matière de lutte contre l’insécurité alimentaire.

En effet, si l’amélioration de la sécurité alimentaire en Afrique est appréciée grâce aux efforts consentis, il demeure que les résultats acquis restent toujours à consolider, car ils sont très souvent tributaires de la volatilité des prix des denrées, ainsi que des aléas liés à l’évolution des conflits, aux changements climatiques et autres catastrophes naturelles, telles que la sécheresse et les inondations répétées. A cela s’ajoute la pression démographique.

Pour réaliser la sécurité alimentaire, les expériences à travers le monde ont montré qu’en plus d’une croissance élevée et soutenue, il fallait une plus forte productivité agricole et un changement structurel durable mobilisant un grand nombre d’individus.

Partant de ce constat, de nombreux experts et études avancent que les pays africains doivent tout particulièrement revoir leurs politiques et leurs pratiques agricoles et s’industrialiser progressivement en s’appuyant sur le secteur de l’agriculture.

Pour l’Afrique, dont la population pourrait atteindre en 2050 quelque 2 milliards d’habitants, avec une croissance démographique attendue aussi bien en zone rurale qu’urbaine, la réduction de la pauvreté reste le challenge majeur des années à venir.

En plus d’augmenter sa production agricole, l’Afrique doit aussi, selon des experts, améliorer la gestion et l’intégration de la production agricole dans les chaînes de valeur à chacune des étapes, de la production à la commercialisation en passant par la conservation, le transport et le conditionnement.

Les milieux stratégiques et académiques insistent sur l’opportunité de développer et de promouvoir le secteur agricole comme le moteur du processus d’industrialisation du continent.

Pour Rémi Hémeryck, Délégué général de SOS SAHEL, «L’objectif d’une faim zéro d’ici 2030 exige des investissements massifs dans l’agriculture, le développement rural, la formation, le travail, la protection sociale et l’égalité des genres’’.

SOS SAHEL, qui est une ONG d’experts de la sécurité alimentaire des communautés rurales en milieu aride en Afrique, avait porté ce message à la COP21, et le porte chaque jour auprès de ses partenaires africains.

A rappeler dans ce sens que la Commission de l’Union africaine en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ont lancé en juin dernier à Addis Abeba, un projet sur la mécanisation agricole durable en Afrique.

Patrick Kormawa, coordonnateur sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Est et représentant auprès de l’UA, avait souligné, par l’occasion, que «le rêve d’avoir une Afrique libérée de la faim d’ici à 2025 resterait un mirage sans la mécanisation».

LA.

 Mais la question récurrente est celle de savoir comment créer les conditions de possibilité d’une coexistence entre les différentes formes d’exploitation agricole (petits producteurs, fermes commerciales, petites entreprises, firmes industrielles…) sur les mêmes territoires ou au sein des mêmes filières.

Autrement dit, comment booster l’accès et l’utilisation des innovations agricoles par les producteurs et permettre ainsi à l’exploitation familiale agricole de tirer le meilleur parti du

contexte global marqué par la libéralisation mais surtout pour répondre à la demande alimentaire d’une population en forte croissance et de plus en plus urbanisée?

A rappeler que quelque 60 pc des terres arables non cultivées de la planète se trouvent en Afrique. L’agriculture est la principale ressource économique de nombreux pays africains, en dehors de ceux qui produisent et exportent des matières premières.

Le Groupe Intergouvernemental des Experts en Climat (GIEC) indique que l’agriculture contribue, dans une proportion de 20 à 30 pc, au produit intérieur brut (PIB) des pays au sud du Sahara, et représente 55 pc de la valeur totale des exportations africaines.

La même source déplore cependant que «Presque partout en Afrique, l’exploitation agricole est entièrement tributaire de la qualité de la saison des pluies, ce qui rend ce continent particulièrement vulnérable aux changements climatiques».

Selon un rapport dudit Groupe, 19 pays subissent un stress hydrique particulièrement élevé. Plusieurs d’entre eux se situent en Afrique. Et d’après l’UNICEF, l’Afrique qui compte actuellement 1,2 milliard d’habitants, verra sa population doubler d’ici 2050, et comptera 4,2 milliards d’individus d’ici 2100. En 2050, un quart de la population mondiale sera africaine.

Dans ce contexte, le Maroc qui ne ménage aucun effort pour apporter sa contribution à trouver des solutions aux problèmes auxquels fait face le continent africain, a abrité récemment et à quelques semaines de la COP 22 une rencontre internationale de haut niveau sur l’Initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine au changement climatique

(AAA).

Cette initiative, lancée en avril dernier par le Maroc, ambitionne de réduire la vulnérabilité de l’agriculture africaine aux changements climatiques.

L’initiative «AAA» porte une ambition forte et constitue un appel à l’action avec des enjeux considérables de développement économique du continent africain et de renforcement de la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale, a souligné le président de la COP 22, Salaheddine Mezouar, lors de cette réunion qui a été sanctionnée par une déclaration de Marrakech.

De son côté, le ministre ivoirien de l’Agriculture et président de la 29e Conférence régionale de la FAO, Mamadou Sangafowa Coulibaly, a affirmé que l’initiative «Triple A» est une réponse majeure aux défis auxquels fait face l’agriculture africaine, exprimant à cet égard ses remerciements au Maroc d’avoir offert à l’Afrique, et plus particulièrement à son secteur agricole, un cadre opérationnel pour le respect des engagements pris par les pays du continent lors de la COP 21 à Paris.

En lançant cette initiative, qui constitue désormais l’un des «axes phares» de l’agenda de l’action à la COP 22, le Maroc entendait mobiliser les ressources financières et les investissements tant publics que privés.

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