Rabea Esserghini: L’universitaire dédiée à l’art culinaire marocain par amour

Rabea Esserghini: L’universitaire dédiée à l’art culinaire marocain par amour

jeudi, 5 mars, 2020 à 14:05

Par -Karim Naji-
Lisbonne – Rabea Esserghini, professeur universitaire à Lisbonne, en dépit de ses multiples engagements professionnels et familiaux, n’a, à aucun moment, failli à sa passion pour l’art culinaire marocain.

Mme Esserghini, arrivée à Lisbonne en 1993 dans le cadre professionnel de son époux, depuis Londres où elle travaillait en communication avec la Royal air Maroc (RAM), découvrit un petit Portugal qui faisait déjà partie de l’Union européenne (UE), à sa grande stupéfaction, car rien n’en faisait, selon elle, un pays européen, sinon la proximité géographique.

Elle le voyait plutôt un pays en voie de développement; un pays où l’on ne parlait que la langue maternelle à une époque où au Maroc, pays voisin, on pouvait parler ou comprendre au moins deux langues.

En arrivant à Lisbonne, elle voulait continuer à travailler dans son domaine de l’hôtellerie, étant lauréate de la technologie hôtelière, munie d’un dossier assez riche, de par son passage par plusieurs pays étrangers, en tapant à la porte des grandes institutions hôtelières, a-t-elle confié à la MAP.

Elle était de prime abord admirée pour la consistance de son dossier, appuyé par un doctorat en économie, outre sa maîtrise de 5 langues étrangères, à l’oral comme à l’écrit; mais comme le portugais lui faisait défaut, elle se voyait refuser toute opportunité d’emploi.

L’ignorance de cette langue constituait un véritable handicap pour elle, car les Portugais ne parlaient, à l’époque, que leur propre langue, à part l’anglais, difficilement.

Elle a dû alors retourner sur les bancs de la faculté pour étudier cette langue qui allait lui ouvrir par la suite la voie du succès et de la réussite.

La langue acquise, l’élève studieuse a commencé à travailler dans son domaine de l’hôtellerie, qui était complètement différent de l’hôtellerie humaine où toutes les opérations se faisaient à travers des réservations via Internet (hébergement, location de voitures…), sans contact humain, au détriment du touriste qui ne pouvait pas de cette façon être bien informé sur le pays d’accueil, car c’est à travers la population, son mode de vie et ses coutumes que l’on peut connaître différentes civilisations.

C’est à partir de ce constat que son côté hôtelier a surgi, à travers le renforcement et le maintien de la communication, en enseignant cette branche, d’abord, dans le monde de l’hôtellerie, et ensuite dans celui du business.

En université, malgré ses diplômes, son expérience et ses différents parcours en matière d’enseignement, au Portugal, quelle que soit sa renommée internationale, on est amené à passer des examens pour être apte, aux yeux des Portugais, afin d’exercer sur le territoire du pays. Là encore, elle a dû suivre des cours et passer des examens pour intégrer l’enseignement supérieur. Après 2 ans et demi de dur labeur, Mme Esserghini a fini par obtenir l’autorisation d’enseigner à la faculté, à partir de 1999.

Parallèlement à sa passion pour sa vie professionnelle, son amour pour l’art culinaire marocain l’a poussée à réfléchir à monter un projet pour pouvoir enrichir ses connaissances en la matière et faire connaître la richesse de la gastronomie nationale, d’où l’idée de mettre sur pied un restaurant typiquement marocain.

L’idée est venue plus de son entourage d’amis étrangers, à travers la dégustation, qui au fil du temps, elle a ressenti le besoin de trouver un espace pour leur faire découvrir ou redécouvrir la cuisine marocaine et essayer de faire ressortir les secrets de l’art culinaire marocain, considéré comme l’un des meilleurs au monde.

Elle voulait également trouver le moyen de représenter le Maroc qui figure parmi les rares pays au monde qui maintiennent encore la tradition et le savoir-faire pour bien recevoir ses hôtes, bien présenter sa table et bien nourrir les convives.

A partir de là, est venue l’idée de trouver un endroit où monter le projet qui représenterait exactement le Maroc tel qu’il est et connu, un Maroc accueillant, généreux et hospitalier, connu par ses couleurs, ses saveurs et la beauté de sa nature.

Après une longue période de recherche, le choix a été porté sur un quartier historique (Baixa-Chiado), au centre de Lisbonne, réputé être le plus touristique, qui a vu naître le restaurant Flor da Laranja (Fleur d’orange), avec des décorations, des ameublements et des ornements exclusivement marocains, ne servant que des plats marocains, au grand plaisir des amateurs de l’art culinaire marocain.

L’idée de ce restaurant n’émane pas d’elle même, car “au coeur de notre civilisation marocaine, toute femme se doit de savoir cuisiner et préparer une belle table pour sa famille. Elle est appelé à être une bonne maîtresse de maison, et cela doit impérativement passer par la cuisine qui se transmet généralement de mère à fille”, a-t-elle souligné.

Il s’agit d’un espace, ouvert en 2004, qui a eu un excellent impact sur les Portugais qui ne connaissaient absolument rien de la gastronomie marocaine, à cause de leur culture générale. Il leur arrive de vanter leurs connaissances et expériences après des voyages dans des pays très lointains, alors qu’ils laissent une merveille qui est juste à côté, le Maroc, à une heure de vol, et qui n’a rien à envier aux autres pays, sur les plans culinaire, culturel, civilisationnel ou patrimonial.

La gastronomie marocaine se fait désormais connaître de plus en plus au Portugal, à la faveur de cette nouvelle mode diététique de manger végétarien, avec peu de viande. Le Maroc occupe, à cet effet, une place de choix avec sa cuisine méditerranéenne à bases nutritives mondialement connues: ail, coriandre, huile d’olive, citron…

Ce n’est qu’après avoir commencé à faire attention à leur mode de nutrition que les Portugais ont découvert que le Tajine marocain offre beaucoup de légumes et de verdures et qu’ils ont commencé à s’intéresser à la cuisine marocaine, à chercher où la trouver et en savourer les différentes recettes.

Certes, concilier entre tâches professionnelles et passion culinaire n’est pas toujours aussi aisé, mais pour Mme Esserghini, il faut aimer transmettre à son entourage, sa culture, ses traditions, et donner le maximum de soi.

“Quand on aime ce qu’on fait, on trouve toujours le temps, même en travaillant sans cesse, au plaisir de recevoir et de continuer de recevoir, surtout quand il s’agit d’une bonne cause, celle de l’image du Maroc et de l’amour d’un pays qu’on doit toujours placer en haut de la liste; de cette façon, on ne ressent ni fatigue, ni stress, ni réticence”, dit-elle.

Mme Esserghini a appelé, dans ce cadre, à l’organisation au Portugal davantage d’évènements culturels liés à l’image du Maroc, émettant le souhait de le voir présent dans diverses manifestations, sans rester limiter à quelques événements qui passent pratiquement inaperçus, en travaillant encore plus pour le Maroc.

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