Agressions sexuelles de Cologne : La polémique enfle en Allemagne

    Par Nadia Abram

    Berlin – L’affaire des agressions dont ont été victimes une centaine de femmes à Cologne (ouest) le soir du réveillon du Nouvel an, continue de susciter une vive polémique en Allemagne.

   Ces incidents ont ainsi soulevé de nombreuses interrogations de la part des médias et de l’opinion publique, surtout après que la police aît mis quatre jours avant de donner des détails sur leurs circonstances.

   Alors que les victimes et la police ont accusé principalement des jeunes d’origine arabe ou nord-africaine, les enquêtes ont montré que des réfugiés de diverses nationalités, voire des Allemands, sont impliqués dans ces agressions, qui s’étendent visiblement à d’autres villes comme Stuttgart et Hambourg (nord), où la police locale a indiqué avoir reçu 108 plaintes dans ce sens.

   Pour de nombreux observateurs, les responsables de la police à Cologne ont délibérément cherché à cacher les origines des personnes impliquées dans les agressions, dont des réfugiés de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan, estimant que cette affaire est politiquement ‘’sensible’’.

   Ne tardant pas à réagir, la chancelière allemande Angela Merkel a fait part de son indignation, insistant sur la nécessité d’accélérer l’arrestation des agresseurs et de les traduire devant la justice. Elle n’a pas aussi écarté la possibilité d’expulser toutes les personnes impliquées dans ces agressions.

   Sur un ton ferme, le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a critiqué, lui, l’inaction de la police de Cologne (ouest) lors des agressions, considérant que la police ‘’ne peut pas travailler de cette manière’’.

   Quant au vice-chancelier Sigmar Gabriel, chef du Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD), il a appelé à examiner toutes les voies du droit international pour pouvoir renvoyer les demandeurs d’asile criminels dans leur pays.

   Il a averti qu’après les agressions de Cologne, la politique de l’Allemagne sera marquée par plus de fermeté et de rigueur dans l’application de la loi.

   Cette affaire est venue aussi apporter de l’eau au moulin des conservateurs, notamment au sein du parti de l’Union chrétienne-sociale (CSU), allié de Mme Merkel, lequel n’hésite pas à critiquer vertement la politique du gouvernement dans les domaines de l’asile et de la migration. Des responsables de la CSU ont à cet effet appelés à mettre un terme au séjour des réfugiés impliqués dans ces agressions.

   Une proposition rejetée par les parties de l’opposition, notamment la gauche ‘’Die Linke’’ et les Verts, qui l’ont qualifiée de ‘’populiste’’ et ‘’d’illégale’’.

   Du côté de l’opinion publique, la condamnation ferme de ces agissements a été le mot d’ordre des rassemblements organisés à Cologne marqués par une forte mobilisation des femmes.

   Outre les médias allemands qui se sont longuement attardés sur cette affaire lui consacrant de nombreuses émissions, la presse européenne en a aussi largement fait l’écho.

   Le Premier ministre slovaque Robert Fico est allé, lui, jusqu’à demander un sommet extraordinaire de l’Union européenne, s’engageant à cette occasion à ne prendre aucune décision ‘’qui conduirait à l’apparition d’une communauté musulmane en Slovaquie’’.

   Par ailleurs, un groupe de jeunes nord-africains ont lancé une initiative de ‘’solidarité avec les femmes de Cologne’’ pour tenter de redorer l’image des Arabes et des Maghrébins, entachée par les agissements des agresseurs.

   La police avait indiqué qu’environ 1.000 jeunes, répartis en groupes, avaient agressé le soir du nouvel an environ 123 femmes.

  Selon un décompte publié dimanche par la police, quelque 516 personnes ont porté plainte à cause de ces événements, dont environ 40 pc pour des faits d’agression sexuelle.