Commissaire principal Nadia Toubi, la femme qui regarde les défis droit dans les yeux

Commissaire principal Nadia Toubi, la femme qui regarde les défis droit dans les yeux

mardi, 6 mars, 2018 à 12:02

Kénitra – Il est presque 18h00, on vient de signaler un accident grave au sud de Kénitra. Pour le Commissaire principal Nadia Toubi, chef de service des accidents de circulation au district de police de Mehdia, la journée de travail est loin d’être terminée, mais contrairement au commun des mortels qui verraient cela comme un calvaire, ou au mieux un devoir à accomplir, cette femme dynamique appréhende cette situation comme un défi de plus dans un parcours qu’elle a elle-même tracé.

En effet, si Nadia, qui a rejoint le corps de la police en 2002 parmi la première promotion de femmes officiers, était ce jour-là sur le terrain, en dehors des horaires de travail ordinaires, c’est parce qu’elle a choisi à un moment crucial de son parcours professionnel de prendre son destin en main et d’opter pour un travail de terrain.

En 2015, Nadia avait demandé une mutation de Rabat à Kénitra tout en formulant le souhait de changer son poste administratif et de rejoindre un service externe. Ce choix avait suscité l’admiration de ses supérieurs, qui ont décidé de la mettre progressivement dans le bain en mettant à l’épreuve sa volonté et sa détermination.

Un défi que Nadia, aujourd’hui mariée et mère de deux enfants, a relevé avec brio en faisant montre d’assiduité et d’une bonne maîtrise de ses tâches au sein du 1er arrondissement de Kénitra, ce qui lui a valu, finalement, un poste de responsabilité au service des accidents de circulation au district de police de Mehdia (Préfecture de Police de Kénitra), dont la création remonte à deux années environ.

“J’ai eu l’honneur d’être parmi la première promotion de femmes officiers de police, en 2002, (promotion Moulay El-Hassan 2004). J’ai au début exercé à la direction centrale à Rabat, mais pour des raisons familiales j’avais demandé mon transfert à Kénitra. J’ai préféré alors travailler sur le terrain, au lieu d’occuper un poste administratif” : c’est ainsi que résume Nadia ce grand changement qui va marquer sa carrière.

“J’avais le sentiment que le travail dans l’administration centrale n’allait pas me procurer cette autosatisfaction que chacun de nous cherche dans sa vie, surtout que je me trouve dans le contact humain et je préfère me trouver au cœur des événements, au lieu de rester enfermée dans un bureau”, a-t-elle confié à La MAP, à l’occasion de la Journée mondiale de la Femme.

Et d’ajouter : “j’ai été soutenue dans ma décision par mes supérieurs hiérarchiques qui ont placé leur confiance en ma personne et m’ont accompagnée dans mon choix”.

En prenant cette décision, cette femme timide en apparence a, surtout, révélé une énorme force intérieure qui lui permet d’affronter, au quotidien, des situations critiques dont la bonne gestion n’est pas à la portée de tout le monde.

“Pour pouvoir réussir dans ce métier, il faut tout d’abord cerner le dispositif légal gérant les accidents de circulation et savoir déterminer les dispositions à appliquer pour chaque cas”, affirme-t-elle, soulignant que si elle a fini par s’habituer aux scènes -souvent horribles- des accidents, dont certains sont mortels, elle n’a pas perdu ni son âme de femme, ni sa rigueur d’officier de police.

“Chaque accident est une épreuve humaine, surtout quand il y a des morts et moi, en tant que femme, je ne peux pas être indifférente à de telles scènes et je ressens toujours de la compassion envers les victimes”, confie Nadia, ajoutant : “mais mon devoir en tant qu’officier de police exige la maîtrise de soi et de la sérénité pour mener avec objectivité la procédure, dont dépend les droits des gens et de la société”.

“Au fil des ans et le cumul de l’expérience, on arrive à concilier entre les sentiments humains et le sens professionnel”, assure-t-elle.

L’autre équilibre délicat que Nadia est appelée à gérer au quotidien est celui unissant son devoir de maman et ses obligations professionnelles, mais à ce niveau elle dit compter sur une famille solidaire.

“Ces n’est pas toujours facile d’être mère et officier de police, surtout que notre travail requière une disponibilité absolue. Mais j’arrive à assumer sur les deux aspects grâce à la compréhension et au soutien de ma famille”, se réjouit-elle.

Licenciée en économie (l’université Mohammed V), Nadia avait opté pour un DESA en gestion des politiques publiques avant de décider de changer le cours de sa vie et devenir officier de police. Femme de terrain, elle perçoit son travail comme une mission au service de la condition de la femme et de sa place dans la société. Un côté militant qui semble la motiver pour aller encore plus loin dans son parcours.

“Nous avons à cœur d’être de bons modèles pour les autres femmes et prouver la capacité de la gente féminine à assurer dans les domaines les plus difficiles et occuper les postes de responsabilité”, souligne-t-elle, ajoutant que gravir les échelons dans un domaine aussi délicat que celui de la police “exige beaucoup de sérieux et d’engagement”.

Nadia, de formation économique, se dit également confiante que la femme marocaine dispose de tous les ingrédients pour réussir : “grâce à la volonté et à la détermination, la femme peut aller très loin dans tous les domaines”.

Abandonner le “confort” du bureau et des horaires fixes, pour un travail de terrain où la notion du temps n’a aucune signification, avec tous les sacrifices qui s’en suivent, était ainsi une manière pour Nadia de créer elle-même une occasion pour démontrer ses vraies qualités, plutôt que de laisser les autres décider de son sort sans connaitre vraiment ce dont elle est capable.

Cette pragmatique dans la peau d’une femme timide a, en définitif, brisé une coquille qui l’aurait condamné à jamais à une vie ordinaire et routinière… un exemple à méditer.

 

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