Les premières conséquences du Brexit se font déjà sentir

Les premières conséquences du Brexit se font déjà sentir

mardi, 19 janvier, 2021 à 13:47

Par Nabila Zourara
Londres – Le Royaume Uni a quitté l’Union européenne le 31 décembre 2020 au terme d’un long processus de divorce marqué par de grands rebondissements et de nombreuses incertitudes. Si l’accord ratifié avec les 27 a évité un véritable choc économique pour les deux parties le jour du départ, il n’a pas pour autant empêché des conséquences inattendues quelques jours plus tard.

Alors qu’on s’attendait à d’énormes bouchons sur les frontières après le rétablissement des contrôles douaniers, les observateurs ont été surpris par un passage en douceur des camions dans les principaux ports britanniques, lors de la première semaine de janvier. Mais ce calme trompeur n’a pas longtemps résisté.

En effet, les retombées techniques du basculement du Royaume-Uni d’un pays membre de l’UE vers un État tiers commence à se faire sentir au niveau des frontières maritimes, notamment après l’augmentation du trafic de poids lourds, alors que les parkings de stockage à la sortie du tunnel sous la Manche et au port de Calais (principal point de passage des ferries entre la France et l’Angleterre) se trouvent saturés à plusieurs reprises, laissant présager un blocage monstre du côté britannique.

L’accord de 1.200 pages conclu in extremis entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, le 24 décembre 2020, a garanti une certaine continuité des échanges avec zéro quotas zéro douanes, mais il n’a pas pu empêcher des ruptures d’approvisionnement en marchandises mais aussi de certains services.

Si les citoyens européens peuvent toujours se rendre au Royaume-Uni sans visa, ils auront bien du mal à y trouver choux-fleurs, oranges et salades, en rupture de stock sur les étals des supermarchés un peu partout dans le pays.

Alors que l’expansion de la pandémie attribuée à la parution d’une nouvelle souche du coronavirus au sud de l’Angleterre a ajouté de nouvelles vérifications sanitaires aux contrôles douaniers rétablis après le Brexit, l’impact de cette sortie commence à se répercuter sur nombreuses entreprises britanniques qui se trouvent confrontées à davantage de formalités administratives.

Dans cette série de perturbations, la province britannique de l’Irlande du Nord est la plus touchée parmi les quatre nations formant le Royaume Uni.

En choisissant de rester dans l’Union douanière de l’UE pour éviter le retour d’une frontière physique avec la République d’Irlande, cette province a sacrifié un certain nombre de ses échanges avec le continent. Ces derniers ont plongé de 40% par rapport à leurs niveaux habituels, en raison des nouveaux contrôles sur les marchandises en provenance de Grande-Bretagne.

Sa chaîne d’approvisionnement est même menacée d’épuisement en raison des retards de livraison liés aux formalités additionnelles, en plus de la règle d’origine et des droits de douane sur certains produits, alerte la fédération britannique de routiers “la Road Haulage Association” (RHA).

Dans le même sillage, le British Retail Consortium (syndicat professionnel d’entreprises du commerce de détail) a mis en garde contre d’éventuelles pénuries supplémentaires de certains produits dans les supermarchés nord-irlandais, alors que les fabricants craignent que la bureaucratie du Brexit ne fasse grimper les coûts.

Sur ce même registre, le directeur général de la Food and Drink Federation (FDF), Ian Wright, qui représente et conseille les fabricants britanniques d’aliments et de boissons, a souligné la semaine dernière que la paperasse liée au Brexit risque d’augmenter les coûts de la chaîne d’approvisionnement alimentaire au Royaume-Uni.

Dans une allocution devant le parlement britannique, M. Wright a critiqué notamment les procédures pesantes auxquelles sont confrontées les sociétés britanniques lorsqu’elles tentent d’exporter du Royaume-Uni vers l’Union européenne, précisant que les démarches administratives qui prenaient normalement 3 heures avant le Brexit, peut s’étendre jusqu’à 5 jours, actuellement.

Il a aussi estimé que la restructuration de presque toutes les chaînes d’approvisionnement UE-Royaume-Uni et Grande Bretagne-Irlande du Nord serait inévitable au cours des six prochains mois.

Malgré toutes ces difficultés, le Premier ministre britannique Boris Johnson a assuré, mercredi dernier, que les échanges commerciaux entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord “se déroulaient de manière fluide”, notant que beaucoup de routiers utilisent maintenant cette la route de l’Irlande du Nord, “plutôt que celle reliant Holyhead et Dublin”, en référence à la liaison maritime entre le Pays de Galles britannique et la république d’Irlande.

Du côté écossais, l’exportation des fruits de mer vers l’Europe via la France a été également sérieusement affectée par les nouvelles formalités administratives.

Les certificats sanitaires et les autres déclarations de douanes exigées prolonge la durée de livraison de ces produits, de trois à quatre jours, contre une journée auparavant, ce qui a contraint le transporteur du secteur Ecossais, DFDS Scotland, à suspendre toutes ses exportations. Une décision prise également par certains pêcheurs.

Le Brexit a également considérablement affecté les exportations du secteur de la chimie et de la pharmacie vers le Royaume-Uni, qui ont déjà commencé à chuter dès les premiers mois de 2020, selon une analyse de la Fédération des industries chimiques de Belgique “Essenscia”, qui se base sur les chiffres de la Banque nationale belge.

Selon Essenscia, l’accord commercial de dernière minute entre Européens et Britanniques a permis d’éviter le scénario redouté d’un “no deal” qui aurait entraîné des tarifs douaniers sur les produits belges exportés sur le marché britannique, mais “les dommages économiques causés aux produits chimiques et pharmaceutiques – qui pèsent un tiers du total des exportations belges – sont déjà considérables”.

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