Le VAR sauve les espagnols face à des Lions de l’Atlas héroïques

Par Khalid Abouchoukri

Kaliningrad (Russie) – Les marocains sans démordre ont terminé en beauté le Mondial russe donnant du fil à retordre, lundi lors de la 3-è et dernière journée, aux Espagnols, parmi le top des favoris, sauvés in extrémis par le VAR (assistance vidéo à l’arbitrage).

Comme promis, ils se sont battus jusqu’au bout, joué pleinement leurs chances de quitter la Russie avec les honneurs et de la plus belle manière, menant par deux fois avant d’être remontés au score et tenir en échec les champions du monde 2010 et surtout en n’arrêtant pas d’affoler la défense ibérique avec la menace rodant tout autour.

Le Onze marocain a pris, dans ce sulfureux match, de la hauteur en trouvant les solutions et en puisant, non pas sur l’individualisation du jeu, mais dans l’ADN de l’effectif et de la solidarité collective.

Elle a aussi pu s’affranchir du poids de l’absence du capitaine de l’équipe et a répondu du tic au tac à la tiki-taka espagnole, les travées du stade et les chants des supporteurs en transe ont ajouté à cette ode à la gloire du groupe.

Trempés, lessivés mais comblés, ce dernier tour de piste et pas des moindres restera gravé dans la mémoire des Lions de l’Atlas et surtout un doux souvenir qu’il faut savourer à sa juste valeur et de se projeter dans l’avenir.

Une erreur dans la moitié du terrain suite à une mésentente entre Ramos et Iniesta, Boutaib en profite pour lancer une échappée éclaire comme s’il avait des monstres derrière, droit devant pour glisser le ballon entre les jambes de De Gea (14-ème), marquant le premier but de la sélection 20 ans après la dernière concrétisation de Salaheddine Bassir (Ecosse, 3-0).

Mais ce ne fut qu’une avance de courte durée. Cinq minutes après, l’artiste des Espagnols, Iniesta, offre un caviar à Isco qui rétablit la parité au score avant de s’installer dans leur jeu de possession habituel, les Lions de l’Atlas les ayant aidés dans cette tâche en laissant le ballon à des joueurs, qui aiment le conserver, et en se repliant dans leur partie de terrain pour tenter de jouer en rupture de jeu.

Le match devint plus rugueux avec de multiples fautes et les esprits se sont trop échauffés du côté des marocains avec quatre avertissements dont trois en l’espace de deux minutes.

De plus cela sentait le brulé devant les bois d’El Kajoui avec de nombreuses opportunités pour les ibériques portant le danger depuis les flancs grâce à l’association réussie Iniesta-Isco mais ont manqué de précision au moment où la défense marocaine tenait bon et ne céda pas en dépit de la pression.

Les Marocains ne se limiteront pas à observer les autres dérouler le ballon. Ils vont se rapprocher davantage du but espagnol en fin de première mi-temps, franchir le premier rideau sans conclure, par maladresse et inefficacité.

De retour sur l’aire de jeu, les Lions de l’Atlas bien positionnés tactiquement avec une défense groupée et évoluant en accordéon se sont créés l’occasion trop belle de réaliser le coup parfait par le “guerrier” Amrabat qui va toucher du bois (55è) allumant, une fois pour toute le match, sous les “Viva Maghrib” des milliers de supporteurs qui espéraient l’exploit.

Les espagnols poussaient pour la victoire mais ce sont les Marocains qui prennent l’avantage pour la deuxième fois de la soirée. Plus fort et plus haut, En-Nesyri sauta dans les airs au milieu des tours de contrôle barcelonaise et madrilène, Piqué et Ramos, et redonne l’avantage sur un coup de tête magistral.

Après ce but, Hierro, qui avait jeté toutes ses cartes offensives pour l’enjeu de la qualification, a commencé à sentir avec ses hommes passer le boulet de la défaite. Un corner botté rapidement a pris de court la défense marocaine, qui s’attendait à ce qu’il soit joué du côté d’où est sorti le ballon, Aspas se retrouvant à la limite de l’hors-jeu dévia d’une talonnade, dans les arrêts de jeu, le cuir dans les filets d’El Kajoui.

Les coéquipiers de ce dernier ont su naviguer dans cette poule des plus relevées, dans un environnement difficile, face à une pléiade de stars galactiques. Ils terminent comme ils ont débuté le mondial en “craquant” dans l’ultime minute comme face à l’Iran.

L’équipe ressent, comme son aînée de 1998 (France), beaucoup de frustration d’avoir été si près, pour n’avoir pas su gérer les péripéties du Mondial. “Probablement le temps d’abstinence de 20 ans sans mondial y est pour quelque chose et il faut payer pour progresser”, a estimé le sélectionneur Hervé Renard.