Pologne : Une rentrée politique sous le signe du changement et du défi économique

Pologne : Une rentrée politique sous le signe du changement et du défi économique

mercredi, 16 septembre, 2020 à 11:18

-Par Nadia El Rhzaoui-

Varsovie – Une panoplie de questions et dossiers épineux vont rythmer la rentrée politique en Pologne notamment le prochain remaniement du gouvernement, l’équation délicate de gestion de la crise sanitaire et de relance de l’économie ainsi que les relations avec les pays du voisinage.

Le très prochain remaniement du gouvernement est sans conteste l’un des événements marquants de cette rentrée qui intervient dans un contexte particulier lié au covid-19, outre la réponse à la crise économique alors que le pays a basculé en récession, une première depuis la chute du communisme.

Jaroslaw Kaczynski, chef de la majorité conservatrice du PiS (Droit et justice, au pouvoir), a annoncé un remaniement ministériel et une réduction des effectifs au sein du gouvernement, en précisant que le remaniement ministériel aura lieu dans le courant du mois de septembre et au plus tard début octobre.

Si le remaniement n’affecte pas le poste de chef du gouvernement, Mateusz Morawiecki devant être maintenu dans ses fonctions, le nombre de ministres et de leurs administrations serait réduit de vingt à l’heure actuelle à douze ou onze, ce qui permettrait au gouvernement d’agir de manière plus rapide et plus efficace à l’avenir.

Le gouvernement conservateur mise sur ce remaniement pour consolider sa majorité en cherchant à rallier d’autres partis de la droite pour mener à terme les réformes et projets annoncées dans le programme politique du PiS. Le chef de gouvernement envisage une fusion de ministères et le renouvellement de son équipe qui devrait compter de nouvelles personnalités au-delà du remplacement des ministres des Affaires étrangères et de la Santé, deux poids lourds du gouvernement qui n’ont pas attendu le remaniement pour quitter l’équipe gouvernementale.

Le chef de la diplomatie Jacek Czaputowicz a démissionné le 20 août de son poste et a été remplacé par Zbigniew Raou. Un départ qui a suivi celui du ministre de la Santé Lukasz Szumowski qui a démissionné évoquant des raisons personnelles et fut remplacé par Adam Niedzielski. Le ministre qui faisait face à des accusations d’échec dans sa gestion des approvisionnements en liaison avec la pandémie de coronavirus, était pourtant au coeur de la lutte contre le coronavirus en Pologne qui a réagi promptement aux premiers signaux de la maladie.

Afin d’éviter une résurgence de l’épidémie, la Pologne a interdit à partir de ce mercredi les vols avec une trentaine de pays, une décision qui accompagne les mesures déjà imposées visant à restreindre la vie sociale dans les régions les plus touchées du pays, le gouvernement polonais tentant d’endiguer la propagation du virus sans avoir recours à un confinement généralisé.

La Pologne, pays comptant 38 millions d’habitants, a officiellement enregistré plus de 75000 contaminations au coronavirus et plus de 2.200 décès imputés à la maladie depuis le début de l’épidémie.

A l’instar de l’ensemble des pays, la Pologne qui connaît une croissance ininterrompue depuis le passage à l’économie de marché il y a 30 ans, n’a pas été épargnée par les répercussions de la pandémie qui a brisé cette ligne de croissance.

La Pologne est entrée officiellement en récession pour la première fois depuis le communisme, après que son PIB a baissé de 7,9% au 2è trimestre 2020 sur un an et de 8,9% par rapport au trimestre précédent, selon une première estimation du Bureau national des statistiques (GUS) qui avait précisé que cette estimation prend en compte les effets de la pandémie et des mesures gouvernementales destinées à la combattre.

Selon une projection révisée du gouvernement, la Pologne devrait voir son PIB réduit de 3,4% cette année. Toutefois, le pays jouit d’une bien meilleure santé économique ce qui lui permet aujourd’hui de mieux amortir le choc de la récession. Selon les prévisions convergentes de la Commission européenne, des agences de notation et de la Banque mondiale, Varsovie devrait afficher la meilleure réactivité économique de toute l’Union européenne.

Les aides gouvernementales, importantes et bien ciblées, ont aussi contribué à absorber le choc. Le gouvernement polonais a en effet mis sur pied un paquet financier baptisé « bouclier anti-crise », dont le budget total dépasse les 300 milliards de zlotys, soit 15% du PIB.

Ce dispositif anti-crise a deux objectifs principaux : protéger les emplois et assurer des liquidités suffisantes aux entreprises polonaise en difficulté avec la crise du coronavirus. De surcroit, la perspective de voir la Pologne bénéficier rapidement des dizaines de milliards du fonds de relance européen permet au gouvernement d’envisager l’avenir sereinement.

S’agissant par ailleurs des relations de la Pologne avec son voisinage, plusieurs thèmes sont toujours sur la table notamment les sujets de friction avec la Commission européenne qui se sont multipliés, que ce soit sur le changement climatique, l’accueil des immigrés ou le respect de l’Etat de droit, la Pologne étant régulièrement pointée du doigt pour ses réformes de la justice et en est à sa quatrième procédure d’infraction, outre les réparations de guerre réclamées à l’Allemagne pour les préjudices de la seconde guerre mondiale, des questions sociétales et le dossier énergétique en rapport notamment avec le Projet de Gazoduc Nord Sream 2.

A l’instar de plusieurs pays, la Pologne voit d’un très mauvais œil le projet de gazoduc qui relie la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique. Varsovie craint la dépendance des Européens vis à vis de Moscou et un affaiblissement de l’Ukraine, jusqu’ici voie principale du gaz russe vers l’Europe.

Dans une région en proie aux tensions, Varsovie s’est fortement engagée dans la résolution de la crise politique au Bélarus à l’issue de l’élection présidentielle contestée par l’opposition. Si le pays rejette toute accusation d’ingérence et dément avoir des prétentions territoriales à l’égard de son voisin notamment sur la région de Grodno que lui prêtent les autorités biélorusses, il ne cache pas son activité diplomatique dans la crise biélorusse.

Au lendemain du scrutin du 9 août, lors duquel Alexander Loukachenko est réélu pour un sixième mandat avec 80,08% des suffrages, un résultat contesté par l’opposition qui mène depuis un large mouvement de protestation, la Pologne avait demandé la tenue d’une réunion extraordinaire du conseil européen et annoncé une augmentation des aides aux médias indépendants.

Varsovie a de même accueilli plusieurs opposants politiques biélorusses notamment Svetlana Tikhanovskaïa figure de proue de l’opposition bélarusse et rivale du président Loukachenko, qui a été reçue la semaine dernière par le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki et Olga Kovalkova, une responsable du Conseil de coordination de l’opposition au Bélarus. Plusieurs analystes politiques apparentent cette posture de la Pologne à une recherche de leadership en Europe de l’Est.

Plusieurs sujets épineux et dossiers attendent le gouvernement conservateur sorti renforcé de la présidentielle du 12 juillet après la réélection d’Andrzej Duda, soutenu par le parti nationaliste PiS pour un nouveau mandat de cinq ans à la tête du pays.

Un résultat qui a cimenté la position du parti PiS au pouvoir depuis 2015. Le président polonais ayant un droit de veto sur la législation, cette victoire devrait permettre au gouvernement de poursuivre son agenda de réformes au risque d’accroître les tensions avec l’Union européenne, au moment où l’opposition polonaise s’est trouvée, à l’issue du scrutin présidentiel, un leader incontestable pour les prochains rendez-vous politiques.

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